Cet article discute de la dimension morale de la responsabilité énonciative à travers trois catégories qui posent la question de l’ajustement du discours à la réalité, et qui sont ici mises à l’épreuve de données saisies « au vol » de propos entendus dans l’environnement, ou à la lecture de l’actualité immédiate mise en forme par les médias et la presse en ligne : la référenciation, la généralisation et la schématisation. La réflexion menée à partir de ces trois catégories conduit l’auteure à réfléchir à une éthique de l’interprétation, qui pourrait être une posture de vigilance interprétative à l’égard de toute production de parole, y compris la sienne, une prise de conscience des forces pragmatiques qui la sous-tendent, et qu’on pourrait étendre, dans une perspective de formation citoyenne, à la compréhension critique des discours sociaux.