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Le voisinage entre hommes, forêt et les chimpanzés : point de vue depuis le territoire des villageois, à l’extérieur du Parc National de Kibale

dans Société francophone de primatologie


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  • Date
    • 2015-02-09T18:12:36Z
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    • Les politiques de conservation, dans leur conception traditionnelle voire spirituelle d’une nature sauvage coupée et préservée du monde des hommes créent parfois des disjonctions spatiales entre les éléments « naturels » et les éléments anthropisés. Après le constat d’échec des politiques autoritaires de protection de la nature, plusieurs conférences internationales, en reconnaissant leurs savoirs traditionnels, ont mis l’accent sur la nécessité d’associer les populations humaines à la conservation des espaces naturels et des espèces sauvages. Notre objectif est d’étudier cette stratégie, à travers le concept géographique de territoire, comme système complexe dont la dynamique résulte de boucles de rétroaction qui lient un ensemble d’acteurs et l’espace géographique qu’ils utilisent, aménagent et gèrent en fonction de leurs représentations, passées, présentes et projetées. La zone d’étude de Sebitoli, située à l’extrémité nord du parc national de Kibale (Ouganda) est circonscrite dans une poche de forêt de 25 km² où une communauté de chimpanzés est en cours d’habituation depuis 2008 par l’équipe du Sebitoli Chimpanzee Project (SCP). Autour du territoire des chimpanzés, les territoires des hommes - dont la densité peut atteindre 335 habitants/km² - encerclent la forêt. Les hommes, interdits de pénétrer en forêt par une législation stricte, prélèvent pourtant certaines de ses ressources. Les animaux sauvages, dont les chimpanzés, vont occasionnellement piller les ressources agricoles des hommes. Chaque espèce sort donc de son territoire habituel pour s’introduire dans celui de l’autre, ce qui engendre des superpositions pouvant occasionner des conflits. Nous nous sommes intéressés aux usages et pratiques de 31 villageois dans trois territoires agricoles (Sebitoli, Nyakabingo, Kihingami) entre novembre 2012 et janvier 2013. Nous avons combiné des entretiens semi-directifs et des observations participantes (N = 42 villageois et agriculteurs, gestionnaires, employés des usines de thé) avec des relevés floristiques en lisière de forêt (N = 8 transects soit 32 relevés situés entre 0 et 150 mètres de part et d’autre de la lisière de la forêt – janvier à avril 2013) dans un Système d’Information Géographique (SIG) pour spatialiser les rapports entre les hommes que nous avons interrogés et les chimpanzés que nous étudions. Ce travail permet d’identifier des lieux de rencontre entre les acteurs de notre zone d’étude (champs, bord de route, lisière de la forêt). Une ethnoécologie géographique de la rencontre entre les hommes et les chimpanzés permet de montrer la diversité des connaissances des 31 villageois que nous avons interrogés et de les valoriser. La description de particularités physiques (animal sans queue, qui ressemble à l’homme) et comportementales (peur de l’homme, protection des dépendants) ou de la temporalité de rencontre (la nuit, moins fréquent que par le passé) témoignent de la curiosité des hommes pour les chimpanzés et permet de montrer que la frontière entre leurs territoires est relativement poreuse. La confrontation des discours des villageois et des gestionnaires de la biodiversité dégage une vision complexe de la gestion de la faune sauvage ou certaines espèces peuvent être « remarquables » ou « ordinaires » en fonction de territoires qui ne sont ni perçus, ni vécus de la même manière par leurs différents utilisateurs. Mieux comprendre le discours de chacun fait partie d’une démarche plus éthique de la recherche scientifique.
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    • Français
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    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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