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Contribution à l’étude de la mobilité de l’hallux et de la phylogénie des primates actuels

dans Société francophone de primatologie


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  • Date
    • 2015-05-29T13:37:20Z
  • Notes
    • Matériel et méthodes : 51 pièces anatomiques de primates non humains ont été disséquées (18 embaumées, 33 fraîches) Les amplitudes des articulations cunéo-métatarsiennes médiales et métatarso-phalangiennes du premier rayon du pied des diverses pièces fraîches et celles de 26 sujets endormis ont été mesurées. De nombreux animaux ont été observés en semi-liberté ou dans de grandes volières. Egalement, 436 squelettes de pied de primates ont été mesurés et les mesures converties en pourcentage par rapport à la longueur du 3e métacarpien, afin de les comparer en dépit de leur différence de taille (collections du Museum d’Histoire Naturelle de Paris).Résultats :La colonne du gros orteil (hallux) est toujours très développée et souvent deux fois plus longue que celle du pouce. L’articulation cunéo-métatarsienne médiale présente un grand axe vertical. Celle des Strepsirrhini est fortement concave-convexe. La, convexité s’inscrit dans le grand axe. Celle des Simiiformes possède une surface cunéenne en dôme avec une échancrure latérale. Le relief du dôme est plus marqué chez les Catarrhini que chez les Platirrhini. Il est très discret chez l’Homo. Les différences morphologiques ou fonctionnelles de l’articulation, les modes de préhension hallici-digitales, qui en résultent, permettent de ranger les primates en quatre catégories, qui ne correspondent exactement ni à leurs sous-ordres, ni à leurs parvordres.1) Chez les Lemuridae, les Indriidae et les Daubentoniidae les surfaces articulaires sont concaves convexes et congruentes. L’articulation fonctionne comme une charnière, n’a qu’un degré de liberté, mais une très grande ouverture (de 125°). Elle ne permet qu’une pince halluci-digitale latéro-latérale. Le 4e orteil est le plus long.2) Chez les Loridae et les Cheirogaleidae, les surfaces articulaires sont aussi concaves convexes et congruentes, mais l’articulation fonctionne comme un joint de cardan. Elle n’offre donc que deux degrés de liberté. Elle ne peut réaliser l’opposition halluci-digitale termino-terminale qu’avec les deux derniers orteils et une ouverture maxima de la première commissure (de 90°). De très longs doigts sont nécessaires pour pouvoir la réaliser. Le quatrième orteil est au moins aussi long que le troisième et souvent davantage.3) Chez les Catarrhini non Humains, les Pitheciinae et les Cebinae (Platyrrhini) les surfaces de l’articulation ne sont pas congruentes. Un obstacle est constitué au pôle articulaire dorsal du premier métatarsien par le deuxième et par l’ancrage de la base du premier par un épais ligament dorso-latéral cuneo-métatarsien. Il doit obligatoirement être contourné pour assurer tantôt la flexion, tantôt l’extension et forme donc un pivot déterminant une rotation de ce premier métatarsien selon son axe longitudinal, tantôt en pronation, tantôt en supination. Il y a trois degrés de liberté, grâce à quoi l’opposition halluci-digitale termino-terminale est possible avec un minimum d’écartement du premier métatarsien. L’extension et l’abduction du premier métatarsien sont chacun de 40°. Le tendon du péronier latéral agit puissamment sur sa flexion mais aussi sur sa pronation. Le tendon du long abducteur agit sur l’extension et la supination. Un large ligament inter-métacarpien transverse relie le premier rayon au deuxième rayon du pied des Pitheciinae et des Cebinae, mais il est assez lâche pour ne pas gêner l’écartement de l’hallux.4) Chez les Callitrichinae (Platyrrhini), tout comme chez l’Homo sapiens, un ligament transverse inter-métatarsien, particulièrement épais, dans la première commissure, relie le premier métatarsien au second et s’oppose à toute tentative d’opposition de l’hallux par rapport aux autres orteils. L’articulation métatarso-phalangienne des primates est condylienne et donc relativement instable. L’hyper extension de celle-ci chez les Callitrichinae permet, dans une certaine mesure, de pallier le manque d’écartement de l’hallux. Les quatre derniers orteils sont d’autant plus longs que les degrés de liberté de l’hallux sont limités. Le plus long chez les Strepsirrhini est le quatrième, c’est à dire celui qui peut réaliser la pince hallici-digitale. Les orteils des Platyrrhini sont également longs, le troisième est le plus long. Ceux des Catarrhini non humains sont plus courts. Ceux de l’Homo encore davantage, le second étant le plus long.Conséquences :Ces différences morphologiques et fonctionnelles ont été comparées avec celles de la main. Elles ont une influence sur la démarche arboricole et terrestre, analysée dans cet article. Elles sont autant de jalons, qui permettent de se faire une idée sur les différents stades de l’évolution des Primates non humains jusqu’à l’Homo sapiens. L’existence d’un ligament inter métatarsien transverse entre le premier et le deuxième rayon du pied des Platyrrhini et de l’Homo ne plaide pas en faveur de la théorie de l’hallux divergent primitif. Elle tend à suggérer que l’origine de la lignée humaine est bien plus ancienne, qu’on ne le pense habituellement.
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