• Aide
  • Eurêkoi Eurêkoi

Article

La circulation des sigillées en Pannonie d’après les estampilles sur sigillées lisses de Gaule, de Germanie et de la Région danubienne

dans Société archéologique de l’Est


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2010-10-14T02:00:00Z
  • Notes
    • La céramique sigillée est bien souvent utilisée en archéologie pour dater les sites, mais elle donne également des informations sur les modes de vie et les capacités économiques des communautés consommatrices ainsi que sur relations commerciales interprovinciales.Les estampilles sur les sigillées lisses sont des témoins précieux de l’organisation des ateliers et de la production. Leur utilisation a varié selon les régions et les époques, à la fois en fréquence (proportion des vases lisses estampillés) et en nature (types de vases signés, fonction de l’estampille, personne représentée).Elles sont également un très bon indicateur des relations commerciales établies tour à tour entre les ateliers de Gaule, de Germanie, des régions danubiennes (choisis pour cette étude) et la Pannonie. Depuis les premières recherches faites en Pannonie à la fin du XIXe siècle jusqu’aux fouilles récentes, le corpus des estampilles s’est progressivement enrichi, notamment grâce aux études de grands sites tels que Carnuntum, Salla, Brigetio, Poetovio, Budaörs, Baláca, Páty, Aquincum, Gerulata, Gorsium, Vindobona, dont les sigillées ont parfois fait l’objet de publications systématiques.Néanmoins, bien que le matériel soit de plus en plus riche, aucune synthèse n’a encore pu être faite pour la province entière. À l’heure actuelle, si l’on souhaite retrouver la distribution d’un potier en Pannonie, on est confronté au dépouillement d’une bibliographie dispersée et peu accessible. L’un des objectifs de cet article est donc de proposer un recueil regroupant les données pour l’ensemble de la province, qui pourrait notamment être utile aux chercheurs étrangers. 2043 estampilles sont présentées ici, environ la moitié avec leur reproduction. Chacune est identifiée et classée par potier, afin dans un second temps, de proposer une analyse fine de la commercialisation et de la consommation des sigillées provenant des ateliers occidentaux.Une étude statistique et cartographique permet de retracer les évolutions des quantités d’estampilles en circulation dans la Province. La consommation des sigillées est tout d’abord appréhendée du point de vue des sociétés consommatrices. Il s’agit d’analyser les sites les mieux connus de Pannonie et de comparer l’arrivée des sigillées dans les différents types de communautés (civiles, militaires, indigènes, rurales, urbaines). On remarque qu’à certains moments, les communautés fortement liées économiquement et socialement à l’armée (notamment sur la ripa Pannonica), étaient celles qui avaient le plus grand pouvoir d’achat et présentaient la plus forte demande. Un lien étroit peut également être établi avec la position des centres urbains sur les principaux axes de diffusion des sigillées en Pannonie.La question est ensuite abordée d’un point de vue chronologique afin de retracer l’historique de la commercialisation de la sigillée en provenance des différents groupes d’ateliers occidentaux. Quelques grands ateliers sont privilégiés pour le commerce en Pannonie (La Graufesenque particulièrement sous les règnes de Domitien et Trajan, Lezoux entre 140 et 170, Rheinzabern entre 180 et 250). Ils ont dominé successivement le marché pannonien, même si d’autres ateliers comme Banassac, les Martres-de-Veyre, Heiligenberg, Westerndorf et Pfaffenhofen ont également joué un rôle dans les importations.Les changements survenus dans l’organisation de l’approvisionnement des marchés pannoniens sont bien sûr liés au dynamisme des ateliers, mais ils ont également été fortement influencés par la conjoncture à la fois économique, sociale et historique en Pannonie. Les événements militaires ont joué un rôle majeur : les guerres contre les Daces, qui ont suivi la sécurisation du commerce fluvial, la construction d’une ligne de fortifications sur la ripa, ont entraîné une concentration de l’armée sur le Danube et créé un contexte favorable pour le développement des importations depuis la Gaule du Sud par la voie danubienne. À l’inverse, les perturbations causées par les guerres des Marcomans et des Sarmates ont largement contribué à la sortie des productions lezoviennes des marchés pannoniens.Dans d’autres cas, c’est la politique impériale qui a renforcé les communautés consommatrices, par exemple par les campagnes d’urbanisation sous le règne d’Hadrien (époque de développement des importations de Lezoux) et à l’époque sévérienne, ainsi que par toutes les faveurs et l’argent que les empereurs ont dépensé sur l’armée dans cette région qui avait une position stratégique (ce qui a eu pour effet la domination des sigillées de Rheinzabern dans les sites pannoniens).À certaines phases de prospérité particulière, la demande était si importante qu’elle ne pouvait être entièrement satisfaite par les seules productions venues des ateliers dominant le marché ; cela a créé une ouverture pour l’arrivée des productions d’autres ateliers qui ont ainsi profité de ces circonstances favorables. C’est par exemple le cas des ateliers de Gaule de l’Est entre 135 et 160/165. Westerndorf et Pfaffenhofen ont également profité du second âge d’or de l’époque sévérienne et Pfaffenhofen était avantagée par sa position dans la même zone de taxation.Toutes ces évolutions ont à leur tour influencé la structure des réseaux de diffusion de la sigillée par le développement de certains axes comme la route de l’ambre, la voie diagonale Aquincum-Poetovio et l’axe danubien. En parallèle, cela a influencé le dynamisme des centres de consommation situés sur ces axes : le développement de la voie danubienne a réduit l’importance de Neviodunum et Siscia situés sur les anciennes routes commerciales depuis l’Italie, tandis qu’il a favorisé le rôle d’Aquincum ou Carnuntum comme ports de commerce.Les évolutions de l’intensité de la consommation de sigillée dans les centres urbains sont particulièrement visibles dans les proportions des estampilles provenant des différents groupes d’ateliers : la composition du mobilier varie fortement entre les sites du sud et de l’ouest de la province et ceux situés le long de la ripa.Cette étude peut être complétée par une analyse des autres aspects de l’importation des sigillées en Pannonie, par exemple du point de vue de la consommation, les choix des types de vases (formes, taille, utilisation) dans les habitats et dans les nécropoles, ou bien du point de vue des fabricants, les relations commerciales des officina et des potiers.
  • Langues
    • Français
  • Sujet(s)
  • Droits
    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • All rights reserved
  • Résultat de :