Le débat sur la diversité versus la convergence des capitalismes, ou encore celui, plus limité peut-être, mais voisin, du choix d'un modèle socio-économique pour l'Europe, sont largement influencés par le devenir des compromis en cours d'élaboration tant au niveau européen (adoption d’une Constitution) qu'à celui des différents pays qui composent l'Europe élargie.L'interprétation des transformations qui s'opèrent depuis quelque temps en Allemagne est essentielle à plus d'un titre. D'abord en raison de la puissance économique de ce pays, puissance renforcée par le récent élargissement au cœur duquel elle tient une place privilégiée. Mais aussi parce que le « modèle social » allemand, souvent désigné comme celui d'une « économie sociale de marché », peut – avec celui, proche, proposé par la Suède et plus largement les pays scandinaves – se poser en rival du modèle dit « anglo-saxon ».L'interprétation de ces mutations n'est pas une tâche facile parce que celles-ci sont en cours, mais aussi et surtout parce que s'affrontent, parfois violemment, des représentations divergentes de ce vers quoi ces mutations devraient tendre : pour les uns, une mutation radicale afin de permettre à l'économie et aux entreprises allemandes de s'insérer efficacement dans le processus de mondialisation, condition posée comme préalable du maintien d'un niveau de bien-être élevé ; pour les autres, une évolution qui préserve l'essence d'un modèle intégrant sans les hiérarchiser l'économique et le social.