Dans une perspective philosophique, historique et politique, Augustin Thierry pose les fondements d’une archéologie linguistique du pouvoir en cherchant dans l’épaisseur des langues l’origine étrangère de la royauté mérovingienne et les traces des peuples conquis. L’étude philologique du nom de « Clovis » et de la signification originelle du titre de « roi » chez les Francs permet à Augustin Thierry de renouveler le schème historiographique de la « conquête ». Or, si la véritable histoire de France commence, à l’aube du Moyen Âge, avec la dépossession des nations indigènes civilisées par un pouvoir étranger nomade, les voix des vaincus, toujours perceptibles dans les dialectes et patois provinciaux, révèlent l’identité plurielle du peuple français et, plus encore, donnent sens à ses revendications révolutionnaires d’une actualité brûlante en pleine Restauration.