Alors que les questions d’identité occupent une place centrale dans les sciences sociales, certains groupes sociaux semblent échapper à la logique d’identification. C’est notamment le cas des chômeurs. Ces derniers semblent privés d’identité collective, car ils ne constituent pas un groupe homogène. D’autre part, la catégorie du chômage est elle-même le fruit d’une représentation qui ne coïncide pas toujours, loin de là, avec la représentation que s’en font les chômeurs eux-mêmes. Si le chômage est globalement vécu comme une dévalorisation de soi, les expériences du chômage sont diverses. Ainsi l’identité du chômeur constitue en elle-même une aporie. Enfin, malgré le caractère improbable d’une représentation politique des chômeurs, l’action collective, qui s’est notamment exprimée lors du mouvement de l’hiver 1997-1998 en France, permet de questionner le lien généralement opéré entre mobilisation et identité collectives.