Les liens entre les partis d’extrême gauche et la paysannerie ont été longtemps négligés, sous la double pression d’une histoire ouvrière militante et de la vision simplificatrice d’un monde paysan naturellement conservateur, reflet de la domination de l’idéologie agrarienne. À travers l’exemple de la doctrine agraire du Parti socialiste SFIO et de ses tentatives d’implantation dans le monde rural, on perçoit au contraire la fécondité des études sur l’action politique au village dans l’Entre-deux-guerres. L’adhésion de la SFIO aux thématiques agrariennes témoignent de leur prépondérance. Quant à la propagande et à l’organisation, elles se heurtent aux spécificités de la sociabilité villageoise. La coexistence des problématiques nationales avec les enquêtes locales ainsi qu’une approche résolument comparative offrent la possibilité de saisir les nouveaux modes de mobilisation paysanne dans un monde rural frappé par la crise des années 1930. Grâce à eux son intégration à la sphère nationale prend une nouvelle ampleur.