Cet article essaye d’expliquer le succès récent de textes et de films mettant en scène des personnages dont la mémoire a été effacée et, plus spécifiquement, ceux qui ne se rappellent plus de leurs histoires et en particulier leur propre mort. Ces figures souvent traumatisées – que l’on désignera ici sous le nom de « nescient dead » (« ND ») – ne sont pas des zombies. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont morts ou qu’ils existent dans un état transitionnel mais répétitif, pris dans ce que Lacan nomme « l’entre-deux morts ». Une grande partie de ces récits mettent à jour le sentiment moderniste de retard, qui fait écho l’angoisse face à quelque chose de déjà fini mais que nous n’avons pas encore reconnu.