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Grandeurs et déclin du centre d’interprétation

dans Presses de l'Université du Québec


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2011-09-29T02:00:00Z
  • Notes
    • Les centres d’interprétation semblent avoir la cote ces jours-ci. Bien avant que des centres d’interprétation, comme celui qui aurait pu pérenniser la bataille du Long-Sault, permettent de rappeler aux sens ce qu’il n’était plus possible de voir, l’interprétation, ou plutôt la compréhension, était le fait d’une culture commune et préalable, de connaissances partagées, par exemple par ces « connoisseurs » ou par les aristocrates britanniques qui complétaient leur éducation dans la contemplation des ruines vers lesquelles les conduisait le Grand Tour. Qui visitait un site ou un monument, bref, était a priori réputé en mesure de s’en représenter les significations et l’intérêt. Dans ce contexte, l’idée d’interprétation est née dans la médiation entre un paysage et un public, ou entre quelque collectionnement et ses « connoisseurs » auxquels un individu, généralement érudit, proposait le sens qu’il avait décodé, d’un objet ou d’un lieu. ) Les parcs, les musées et les sites historiques ne sont plus les seuls sujets de l’interprétation, dans ces « attractions en soi » que se veulent de plus en plus de centres d’interprétation ; ce phénomène d’expansion, qu’il faut alors mettre en lien avec la mondialisation de l’administration du patrimoine représentée par l’Unesco et avec l’émergence du « patrimoine immatériel » qui s’en est suivie, veut en effet que l’on puisse dorénavant interpréter le visible comme l’invisible, et le réel comme l’impossible.On est allé très loin dans l’apposition de pages de textes sur des murs et dans la réplique d’artefacts qui pouvaient être visualisés, manipulés, brisés et reconstruits, ce que n’autorisait pas l’authentique. Pourtant, si les préfaciers de Tilden ne pouvaient imaginer que l’on interprète autre chose que ces musées, parcs et sites historiques qu’ils administraient, ils avançaient cette mise en garde, empruntée à Anatole France : « Do not try to satisfy your vanity by teaching a great many things. » (Hartzog, 1977 : XIII) C’est néanmoins ce qu’on a fait, puisque cette multiplication s’imposa dès lors que l’interprétation fut aussi mise en charge de créer le contenu. Le centre d’interprétation amorçait son déclin le jour de sa naissance même.Dans le cas d’une ressource tangible (une maison, un village, une rivière), cela serait bien ennuyeux, à tout le moins dans la perspective où la mise en tourisme fut à un moment considérée par ses promoteurs comme un moyen de soutenir (culturellement, économiquement) la conservation. À terme, on pourrait donc raser les paysages et se débarrasser de toutes ces choses que les centres d’interprétation interprètent pour ne conserver, au bout du compte, que les centres d’interprétation. Enfin, on aurait au moins réglé le problème de l’entretien du patrimoine.
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