Dans cet article on étudie la double signification du rôle joué par la mode dans la construction du mythe du XVIIIe siècle chez les Goncourt. D’un côté, on montre que l’esprit du siècle est réifié dans certains objets fétiches récurrents ; de l’autre côté, on s’interroge sur l’antinomie qui caractérise la mode : appartenant au transitoire, elle devient vestige du passé. Ensuite, on étudie l’héritage des Goncourt chez Proust, en montrant que la mode devient le « paradigme indiciaire » pour tracer la physionomie du temps perdu. Si la mode semble perdre son esprit vivace et lié au « bel aujourd’hui » pour devenir l’indice mélancolique d’un décalage chronologique entre présent et passé, elle devient néanmoins l’instrument le plus efficace pour faire revivre les fantômes de la mémoire.