Marronnier du journalisme autant qu’objet de préoccupations gouvernementales, le « complotisme » est un phénomène qui reste largement méconnu et fantasmé. Cet article aborde à la fois l’objet « théories du complot », ses multiples facettes et les hypothèses que l’on peut faire à son propos, mais en même temps les discours savants qui lui sont consacrés. Il s’agit ainsi de montrer que la critique des théories du complot n’est pas seulement un enjeu de connaissance, et surtout un enjeu politique, mais aussi un objet d’étude en soi et un corpus à analyser. L’article élargit aussi le débat à d’autres travaux universitaires laissés habituellement hors du champ de l’étude des théories du complot, notamment des travaux de science politique, dans un domaine dominé par la psychosociologie, la philosophie, et surtout l’expertise.