Comprendre ce que sont, du point de vue des apprenants, les processus d'acquisition d'une langue nécessite que l'on réponde au moins aux trois questions suivantes : quels sont les principes qui régissent, à un moment donné, la façon dont l'apprenant organise dans ses énoncés, les mots dont il dispose ? Comment ces principes évoluent-ils au cours de l'acquisition ? Peut-on identifier des facteurs qui déterminent cette évolution ? Un dispositif de recherche mis en place dans le cadre d'un programme d'envergure à l'initiative de la Fondation européenne de la science a permis à l'auteur de suivre, dès leurs débuts, l'acquisition du français par un hispanophone et de l'anglais par un italophone. Les résultats obtenus ont pu être comparés à ce qui s'observe chez des apprenants confrontés à d'autres couples de langues. Apparaissent mieux alors les processus communs et ceux qui relèvent plus spécifiquement d'une combinaison particulière de langues. L'auteur situe sa démarche dans la perspective des "lectes d'apprenant". On n'y considère pas les catégories grammaticales comme un donné préalable à la mise en mots, mais bien comme l'aboutissement d'une grammaticalisation qui se construit dans et par l'activité discursive. Sont mis ainsi en évidence, pour le domaine étudié, une logique communicationnelle déterminant l'acquisition. Les résultats empiriques présentent de façon très complète l'itinéraire suivi spontanément par les apprenants du français et de l'anglais. La démarche, liant l'approche fonctionnelle de l'organisation des langues et celle de leur utilisation par les apprenants, s'adresse bien évidemment aux chercheurs comme aux enseignants intéressés par l'organisation des langues par le biais du traitement qu'en fait le locuteur.