Dans le cadre de la colonisation, le schéma de diffusion du savoir agricole s'avère ambigu voire contradictoire. Au Congo belge (ex-Zaïre, aujourd'hui République Démocratique du Congo), le transfert des connaissances a été tributaire des intérêts à la fois des sociétés concessionnaires et du petit colonat blanc.

Tout d'abord le processus d'acquisition des nouvelles connaissances à travers l'expérimentation, la rationalité et la recherche n'a pas été actionné par les autochtones ; l'«Œuvre Civilisatrice» (sic) de la (petite) Belgique au (grand) Congo a été établie comme une domination culturelle des sociétés traditionnelles, conséquence d'une supposée «supériorité raciale du Blanc». L'interaction entre savoir traditionnel et savoir occidental (dit «moderne» ou «universel» et «scientifique») s'est produite plus tard, en 1933, avec la création de l'Institut National pour l'Etude Agronomique du Congo belge (INEAC) et l'institution puis la réorganisation des «paysannats» (petits propriétaires porteurs de la «modernité» agricole) se voulant la base d'une exploitation réglée et permanente du sol ; en est sorti un savoir hybride dont la colonisation a pu tirer profit.

A partir de cet exemple historique, analysé sur plus de trois générations de paysans congolais, l'ouvrage projette une méthodologie pour le nécessaire changement du protocole de la recherche agricole au Congo indépendant. Une politique et des stratégies nouvelles sont proposées visant à intégrer la science à la vie quotidienne, c'est-à-dire réapproprier le savoir aux autochtones.