Le 22 avril 1900, le sultan du Bornou, Rabah, suzerain de l'Ouest du Tchad actuel, est vaincu à Kousseri par les missions Foureau-Lamy, Joalland-Meynier et Gentil : le 29 mai, Gentil décide la création de Fort-Lamy.

La colonie du Tchad existait donc officiellement mais il restait à la reconnaître et à l'occuper, ce qui devait se faire avec un effectif militaire de 7 à 800 hommes dont il fallait assurer le ravitaillement. Sur toute une partie du trajet, de Fort-Sibut à Fort-Crampel, le seul moyen de transport utilisable était le portage humain que devait imposer à des populations mal connues un encadrement insuffisant en nombre et quelquefois en qualité : cela entraînait quantité d'incidents plus ou moins sanglants. Compte tenu de la mentalité de l'époque, tout cela aurait pu se dérouler dans l'indifférence générale mais un événement particulièrement sinistre, l'exécution d'un condamné par une cartouche d'explosif attachée dans le dos, soulevait une émotion considérable et déchaînait une extraordinaire campagne de presse.

Le gouvernement envoyait une mission d'enquête dirigée par Pierre Savorgnan de Brazza qui, malheureusement, décédait à Dakar, lors du voyage de retour. Cela déclenchait une nouvelle campagne de presse et une série de virulents débats à la Chambre des Députés.

Tout cela entraînait une considérable confusion et une quasi-impossibilité de se faire une idée précise de la réalité car, aussi bien journalistes que parlementaires n'avaient pas été très scrupuleux ni objectifs dans leur représentation des événements.

La présente étude vise à réunir un ensemble d'informations qui puisse donner de ces événements une vue la plus exacte possible.