S'il existe un problème qui perturbe une bonne partie de l'humanité, notamment les populations qui ont, sous une forme ou l'autre, adopté, voire adapté, le monothéisme, c'est bien «le fait hébreu». Est-ce parce que les juifs ont inventé la religion du Dieu unique qu'ils sont ainsi la cible des préjugés les plus tenaces ? En quoi sont-ils éternellement coupables d'avoir été les premiers ? Certains les accusent au nom d'autres «vérités révélées».

Mais les «vérités éternelles» ne sont-elles pas toujours tordues et retordues au gré des nécessités politiques et des modes du moment ? Les meilleures illustrations possibles de discours qui, sous couvert de théologie, ne sont que des a priori politiques, ne sont-elles pas les diverses controverses, plus ou moins bon enfant, plus ou moins véhémentes, qui fleurissent autour de ce que d'aucuns appellent la «question juive» ? Puisque, autour du judaïsme et plus encore des juifs, se cristallisent un nombre considérable de phobies.

N'avons-nous pas assisté d'ailleurs, avec les attentats du 11 septembre 2001, au retour sur la scène de l'histoire d'un irrationnel aussi sanglant que spectaculaire ? A l'heure où l'intégrisme gagne tant de terrain chez nombre de ceux qui se qualifient de «fils» d'Abraham, à l'heure aussi où le conflit du Proche-Orient apparaît comme un inextricable enchevêtrement de haines, n'est-il pas hautement nécessaire de se demander, en conscience : Qu'est-ce que le judaïsme ? Qu'est-ce qu'un juif ?

A la réponse apportée à cette double interrogation se mesure le rapport personnel de chacun à l'existence de Dieu, et, dans notre pays, du fait de notre histoire, au respect de l'éthique républicaine.