Les deux séries de conférences et d'entretiens qui forment la matière de ce livre tentent de répondre, sous divers angles, à la question insistante de «l'actualité d'Ibn Khaldûn». Pourquoi l'étude d'Aristote, de Platon, de Saint Augustin, par exemple, ou celle d'Ibn Rushd, d'al-Ghazâlî et de Jâhiz se fait tout naturellement dans le cadre de l'histoire de la philosophie, de l'histoire des religions, ou de l'histoire des idées, mais, curieusement, pas celle d'Ibn Khaldûn ? On pourrait penser que la raison en est que, dans son cas, sa place dans l'histoire des sciences et de la pensée n'a pas encore été suffisamment bien définie. On pourrait également trouver une explication dans le fait que la culture arabe dans son ensemble reste largement un domaine en friche et, qu'en outre, elle pose problème à plus d'un titre pour son intégration dans la culture mondialisée qui est en voie d'élaboration. Enfin, une troisième explication pourrait résider dans le caractère particulier, peut-être unique, de la personnalité et de la pensée d'Ibn Khaldûn, Quelque chose, chez lui, davantage que chez tout autre, nous toucherait au coeur de notre modernité. Ces trois hypothèses recèlent peut-être chacune une part de vérité. Mais c'est surtout la dernière qui est examinée plus à fond dans ce livre.