Le vodou s'apparente à un incessant défilé de manifestations culturelles qui se meut en une chaîne de solidarité, une dynamique qui aide l'homme haïtien à vivre en harmonie avec son milieu, son environnement et sa spiritualité. Par un actif rituel, une musique incantatoire, un tambour vertigineux, des liqueurs enivrantes et le feu contagieux de ses saints, Haïti sait retrouver sa magie incandescente et convertir ses citoyens en esprits et en dieux.

Cette étude pluridisciplinaire établit la place centrale du vodou dans la culture haïtienne, l'étendue considérable de son influence en politique dans les avenues du pouvoir depuis la constitution de l'État-nation d'Haïti et surtout le rôle révolutionnaire incomparable qu'il a joué durant les longues années de lutte qui ont abouti à la libération et à l'indépendance du pays.

Le vodou a horreur du vide en Haïti. L'ostracisme séculaire qu'il a subi n'a pas entamé son pouvoir de séduction, ni son don d'ubiquité. Pour avoir fait partie de l'héritage ancestral, en donnant accès aux esprits, le vodou, qui rend l'invisible visible, devient le ciment unificateur de la collectivité, mythe fondateur ou utopie mobilisatrice qui influence toutes les sphères de la société : la santé, l'éducation, la justice, l'économie et la politique...

«Nous avons direct accès aux esprits car nous recevons les dieux dans nos corps ; nous dansons et, par le truchement de ces danses, nous tendons à devenir dieux nous-mêmes...»

C'est à cette fascinante métamorphose que Frantz-Antoine Leconte, Eddy Magloire, Réginald O. Crosley, Carroll Coates, Marie-José N'Zengou-Tayo, Claudine Michel et Nicole Thomas Miller nous convient d'assister.