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L'exécutif et la Constitution de 1791

Résumé

Lexécutif, tel que conçu à lorigine du constitutionnalisme français, est ordinairement présenté comme un exécutif faible. Cette idée reçue est infirmée par une analyse approfondie de la Constitution de 1791. On y découvre un exécutif à multiples facettes. Lexécutif est dabord incarné par un roi constitutionnalisé, cest-à-dire dont lexistence dépend de la Constitution, mais sa mise en uvre dépend de lacceptation de la couronne constitutionnelle. Lexécutif est aussi gouvernant. Il exerce à ce titre la fonction exécutive extérieure et la fonction législative de manière autonome. Lexécutif est encore exécutant, en ce sens quil doit assurer leffectivité de la loi dans le cadre de la fonction dexécution. Lexécutif est enfin indépendant, dans la mesure où il ne peut, en principe, se voir retirer son titre à gouverner.
Grâce à une étude approfondie de la Constitution de 1791, l'auteur démontre que, contrairement à une idée reçue, l'exécutif mis en place à cette époque est un exécutif fort. Il est incarné par un roi constitutionnalisé, mais est aussi gouvernant, exécutant et indépendant.


  • Éditeur(s)
  • Date
    • impr. 2010
  • Notes
    • Notes bibliogr. Index
  • Langues
    • Français
  • Description matérielle
    • 1 vol. (503 p.) : couv. ill. ; 24 cm
  • Collections
  • Sujet(s)
  • Epoque
  • Lieu
  • ISBN
    • 978-2-13-056684-7
  • Indice
    • 944-754 Débuts de la Révolution (1788-1792)
  • Quatrième de couverture
    • L'exécutif et la constitution de 1791

      La Constitution de 1791, première constitution écrite française, quelques années après le grand moment de Philadelphie, souffre rétrospectivement de la comparaison. Établissant un régime appelé à rapidement sombrer, elle n'a pas non plus suscité, comme la Constitution de 1793, un durable mythe constitutionnel. Émanant d'une assemblée qui avait su rédiger la Déclaration de 1789, elle n'a pas su profiter du rayonnement toujours si actuel de celle-ci. Sa rédaction a pourtant soulevé toute une série de questions fondamentales auxquelles, au fil de l'évolution des rapports de forces du temps, des réponses souvent intéressantes ont été apportées, au terme de débats qui furent souvent de haute tenue. La valeur comme les difficultés de ces réponses purent encore être éprouvées au cours d'une pratique brève mais dense. La question centrale, alors qu'il s'agissait de « constituer » une monarchie immémoriale, ne pouvait bien entendu manquer d'être celle de ce qui ne pouvait pas ne pas devenir « l'exécutif » mais qui ne pouvait être cantonné, pour autant, à une fonction exécutive étroitement entendue. Sans doute la Constitution de 1791 demeure-t-elle ici très en deçà de celle de la Ve République telle qu'interprétée par sa pratique. Du moins pose-t-elle en des termes malheureux mais intéressants la question de la participation de l'exécutif à la fonction législative. Le discrédit historique dans lequel le veto, pourtant utilisé avec bonheur ailleurs, est tombé, nous masque l'équilibre du montage d'ensemble, simplement impraticable dans les circonstances politiques du moment et de toute façon peu justifiable aux yeux de beaucoup dès lors qu'il émanait d'un organe non élu.

      De même, les Constituants ont dû affronter la délicate question de la conduite de la politique extérieure, source de difficultés récurrentes, et peut-être irréductibles, dans la longue durée du constitutionnalisme. Dans le cadre d'une large fonction exécutive extérieure, le Roi était habilité à exprimer la volonté étatique, certes sous le contrôle du Corps législatif, mais de manière assez autonome. La conduite des relations diplomatiques et de la guerre se trouvait au fond entre ses mains. L'exécutif fut aussi un « exécutant », mais on n'a pas le sentiment qu'il pût l'être au-delà d'un certain point - sans doute parce que cela ne saurait guère revêtir de sens. La fonction d'exécution des lois ne se réduit jamais à une application mécanique : la tradition constitutionnelle française, durablement rebelle à cette contrariante contrainte, en fit ainsi l'immédiate expérience. L'effectivité de la volonté du législateur suppose que s'y adjoigne au moins un premier supplément qui doit être nourri par la volonté de l'exécutif, procédant non seulement par actes particuliers, mais aussi par actes généraux.

      La Constitution de 1791, constitution assurément malheureuse, est bien ainsi l'acte fondateur, sinon de notre tradition constitutionnelle, du moins de ses enjeux et débats majeurs. Elle est en même temps, dans son texte comme dans ses pratiques, une ressource importante pour la réflexion constitutionnelle et la théorie de l'État.


  • Tables des matières
      • L'exécutif et la constitution de 1791

      • Guillaume Glénard

      • Presses universitaires de France

      • Introduction3
      • Première partie - L'exécutif monarchique et constitutionnalisé17
      • Chapitre I - L'acceptation de la constitution23
      • Section 1 - Les doctrines sous-jacentes en 178923
      • § 1. La royauté anté-constitutionnelle et le Roi co-constituant24
      • § 2. La royauté anté-constitutionnelle et le Roi organe tutélaire25
      • L'affirmation de la préexistence de la royauté à la constitution26
      • La signification monarchienne de l'acceptation de la constitution27
      • § 3. La royauté constitutionnelle et le Roi personne privée30
      • Section 2 - Le Roi hors de la constitution32
      • § 1. La déclaration du statut anté-constitutionnel du Roi32
      • § 2. L'évolution de la notion d'acceptation de la constitution34
      • L'approbation nécessaire35
      • L'approbation supposée38
      • L'approbation de l'esprit général des arrêtés du 4 août 39
      • La publication des arrêtés du 4 août 45
      • L'approbation exigée49
      • Chapitre II - L'acceptation de la royauté constitutionnelle59
      • Section 1 - La constitutionnalisation de la royauté59
      • § 1. La création d'un statut constitutionnel du Roi60
      • § 2. La persistance de la notion d'acceptation de la constitution64
      • Section 2 - La suspension de la royauté68
      • Section 3 - La doctrine de l'acceptation de la royauté constitutionnelle69
      • § 1. L'énoncé de la doctrine de l'acceptation de la royauté constitutionnelle69
      • § 2. L'absence de consécration par la Constitution de la doctrine de l'acceptation de la royauté constitutionnelle72
      • § 3. La consécration extra-constitutionnelle de la doctrine de l'acceptation de la royauté constitutionnelle74
      • Deuxième partie - L'exécutif gouvernant81
      • Chapitre I - L'exécutif co-législateur83
      • Section 1 - L'initiative législative83
      • § 1. Le droit de proposer les lois84
      • Le principe de l'incompétence de l'exécutif84
      • Les exceptions au principe86
      • Les tergiversations 86
      • La consécration 89
      • § 2. En marge du droit de proposition des lois stricto sensu : l'invitation à délibérer94
      • Section 2 - Le droit de consentir à l'élaboration de la loi95
      • § 1. La nature législative du consentement royal97
      • Les divisions de la Constituante98
      • Les doctrines relatives à la nature exécutive de la sanction 98
      • La doctrine du veto-appel à l'opinion publique 111
      • Le choix d'une balance des pouvoirs131
      • L'adoption du caractère suspensif du veto 132
      • L'adoption de la nature législative du veto 142
      • § 2. Le champ d'application de la sanction180
      • L'exception concernant les décrets relatifs aux contributions publiques181
      • Une restriction contestable du champ de la sanction concernant les actes relatifs à la responsabilité des ministres184
      • § 3. Le rôle du consentement royal188
      • Chapitre II - L'exécutif et le traitement constitutionnel des relations extérieures193
      • Section 1 - Le traitement des relations extérieures dans le cadre d'une balance des pouvoirs201
      • § 1. La déclaration de guerre201
      • La dispute sur la nature juridique de la déclaration de guerre202
      • La conception exécutive du droit de déclarer la guerre 202
      • La conception législative du droit de déclarer la guerre 206
      • La solution constitutionnelle d'une balance des pouvoirs220
      • § 2. Le passage et le stationnement de forces armées étrangères sur le territoire du royaume229
      • Section 2 - Le traitement des relations extérieures dans le cadre d'une fonction exécutive extérieure232
      • § 1. L'autonomie de l'exécutif sans contrôle233
      • La direction des armées233
      • Le Roi, chef suprême des armées 233
      • Les attributions autonomes du chef suprême des armées 235
      • Le traitement des relations diplomatiques240
      • La conduite des relations diplomatiques par l'exécutif 240
      • L'usurpation des attributions diplomatiques de l'exécutif 241
      • § 2. L'autonomie de l'exécutif sous contrôle247
      • Le traitement des hostilités248
      • La qualification discrétionnaire des hostilités 249
      • Le droit de faire des préparatifs de guerre 249
      • Le droit de riposte 254
      • Le traitement des conventions internationales257
      • Les systèmes de traitement du pouvoir de faire les conventions 258
      • La consécration du système de traitement diversifié selon l'objet des conventions 270
      • Troisième partie - L'exécutif exécutant279
      • Chapitre I - La mise en exécution285
      • Section 1 - La mise en exécution générale285
      • § 1. La promulgation286
      • Une irréductible nature exécutive286
      • Une compétence liée288
      • Un rôle complexe289
      • Attester l'existence constitutionnelle de la loi 290
      • Authentifier la teneur de la loi 291
      • Rendre la loi exécutoire 293
      • § 2. La publication295
      • Imprimer à la loi exécutoire un caractère obligatoire (la mise en vigueur)296
      • Une compétence liée298
      • Section 2 - La mise en exécution particulière298
      • § 1. L'application299
      • La fausse querelle sur l'unité ou la dualité des fonctions d'application et d'exécution300
      • Le principe de la justice rendue au nom du Roi 300
      • Un large accord sur la nature exécutive de l'application 302
      • Le malentendu sur la notion d'exécution 304
      • La vraie querelle sur le lien organique du juge et de l'exécutif307
      • Le retour au clivage habituel entre la droite et la gauche 307
      • L'attribution au Roi d'un droit simplement formel de nomination 311
      • Un mystérieux « pouvoir judiciaire »315
      • L'application comme fonction judiciaire (la loi des 16-24 août 1790) 315
      • L'application comme pouvoir judiciaire (la Constitution de 1791) ? 316
      • § 2. La réclamation de l'application320
      • Le principe du rattachement du ministère public à l'exécutif320
      • Le débat sur la prérogative du ministère public321
      • Le retranchement de l'accusation des compétences du ministère public 322
      • Un succédané à l'accusation : la dénonciation 328
      • Chapitre II - La mise à exécution331
      • Section 1 - La mise à exécution réglementaire333
      • § 1. Le règlement : acte législatif334
      • Prolégomènes sur les origines du règlement334
      • Règlement et arrêts de règlement 334
      • Règlement et ordonnances du Roi 335
      • Le règlement : loi secondaire conforme337
      • La nature législative du règlement 337
      • Le caractère hiérarchiquement second du règlement 338
      • § 2. Le règlement : acte de l'exécutif344
      • La rigueur des principes344
      • L'interdiction négative des règlements de l'exécutif 345
      • L'interdiction positive des règlements de l'exécutif 348
      • L'empire de la nécessité353
      • La pratique des délégations réglementaires 354
      • La pratique des proclamations réglementaires 361
      • Section 2 - La mise à exécution administrative362
      • § 1. La fonction administrative363
      • La notion de fonction administrative363
      • Le traitement du contentieux administratif367
      • Le principe de la séparation des autorités administratives et judiciaires 368
      • L'attribution du traitement du contentieux administratif à l'administration 369
      • § 2. La fonction de direction de l'activité administrative379
      • La fonction d'autorité380
      • L'esprit du projet du second comité de constitution 380
      • Les vicissitudes des votes 381
      • La fonction de surveillance388
      • La notion de surveillance 388
      • Les modalités de la surveillance 390
      • Quatrième partie - L'exécutif indépendant403
      • Chapitre I - L'absence d'emprise de l'exécutif sur le Corps législatif407
      • Section 1 - L'impossible « harmonie » entre l'exécutif et l'Assemblée407
      • § 1. L'éphémère harmonie de l'été 1789408
      • La crise ministérielle des 13-16 juillet 1789408
      • La formation harmonieuse du nouveau ministère Necker413
      • § 2. L'incompatibilité absolue des fonctions de ministre et de député414
      • Section 2 - L'impossible pouvoir de dissolution du Corps législatif422
      • Section 3 - Le droit d'entrée et de parole de l'exécutif dans le Corps législatif423
      • Chapitre II - La question de la responsabilité de l'exécutif427
      • Section 1 - L'ambivalence des intentions428
      • § 1. L'équilibre désiré428
      • Inviolabilité de principe et responsabilité politique d'exception du Roi429
      • La responsabilité pénale des ministres430
      • La soumission des ministres à des règles d'incrimination 430
      • Le jugement des ministres par un tiers 435
      • § 2. Les germes d'un déséquilibre436
      • Le pouvoir de suspendre les ministres de leurs fonctions437
      • Le droit d'adresse439
      • Les hésitations 439
      • La consécration 442
      • Les remords 445
      • Section 2 - Le domaine limité de la responsabilité des ministres446
      • § 1. La distinction entre les actes purement royaux et les actes purement exécutifs446
      • L'apparition de la distinction447
      • La distinction entre deux formes de contreseing 448
      • L'affirmation d'une « fonction royale » 450
      • Une consécration constitutionnelle en filigrane453
      • § 2. Une tentative de dénombrement des actes purement royaux455
      • Les actes législatifs455
      • Les actes de la correspondance 455
      • L'initiative législative 457
      • La sanction 459
      • Des actes exécutifs462
      • L'absence d'actes extérieurs royaux 462
      • La nomination et la révocation des ministres 463
      • Section 3 - L'émergence d'une responsabilité politique466
      • § 1. La résurrection du droit d'adresse466
      • L'adresse de défiance contre Bertrand de Molleville466
      • Les adresses de confiance en les ministres révoqués472
      • § 2. Le détournement de la procédure de mise en accusation474
      • § 3. D'une responsabilité personnelle à une responsabilité collective477
      • Conclusion483
      • Index487

  • Origine de la notice:
    • BNF
  • Disponible - 944-754 GLE

    Niveau 2 - Histoire