Le gouvernement de l'ethnicité en Europe post-soviétique
Minorités et pouvoir en Lettonie
Pascal Bonnard
Dalloz
Sommaire
V
Noms d'organisations en letton et en russe, sigle éventuel
VII
Remerciements
IX
Préface
XI
Introduction
Section 1. À la croisée des sociologies de l'action publique,
de l'action collective et de l'appartenance4
A. Des politiques d'affirmation de l'État-nation5
1. L'action publique envers les populations minoritaires :
nationalisme contre multiculturalisme ?6
2. Des dispositifs d'«identification»9
B. (re)définir son appartenance11
1. Les populations non titulaires face à l'effondrement
de l'Union soviétique : une «double absence»
particulièrement aiguë11
2. Une approche constructiviste de l'ethnicité13
3. Les «appartenances» comme «positions sociales»
situées16
C. Représenter les populations non titulaires18
1. Un travail de «représentation politique»19
2. Des définitions concurrentes de l'ethnicité21
Section 2. Analyser différentes opérations de classification22
A. Exigences d'une articulation entre échelles22
1. Dépasser la tension entre un «haut» et un «bas»23
2. Saisir la pluralité de l'acteur et la labilité des positions25
3. Historiciser les pratiques et les catégories28
B. Pour une sociologie des luttes de classification30
1. L'analyse des conditions de validité d'une classification31
2. Des opérations mettant en jeu des rapports de pouvoir32
3. Synthèse de la problématique et hypothèses34
Section 3. Une démarche empirique35
A. L'école comme lieu d'enquête privilégié37
1. Un lieu de socialisation nationale37
2. Un environnement traversé par des luttes politiques et stratégies
familiales39
B. Étude de cas et comparaison(s)39
C. Un matériau composite42
1. Sources écrites : presse, documents administratifs et juridiques42
2. Données chiffrées : résultats des recensements et statistiques
scolaires43
3. Entretiens et observations44
Structure de la thèse49
Première partie
La genèse d'une classification
Chapitre 1. Aux origines du clivage ethno-national en Lettonie55
Section 1. Le temps des sociétés «agro-lettrées» : les terres du Sud
de la Baltique dans les Empires polono-lituanien, suédois
puis russe57
A. L'intégration politique dans un empire : du féodalisme
à l'absolutisme57
B. L'ethnicité et la religion encastrées dans l'ordre62
1. Des catégories «nationales» sans lien avec celles d'aujourd'hui62
2. La prééminence de la condition sociale sur la condition
ethno-nationale63
Section 2. La genèse d'une «Ruritanie» lettone dans l'Empire tsariste64
A. Mobilité sociale croissante et émergence de nouvelles
classifications64
1. L'assouplissement de la hiérarchie traditionnelle liée à l'ordre65
2. Classification selon la religion et dé-localisation des identifications66
B. Le désencastrement progressif du clivage ethno-national67
1. Premières formulations du clivage ethno-national et du clivage
de classe67
2. L'ethnicité, principe pertinent de classification : le recensement
de 188168
C. Diffusion et affermissement du clivage national70
1. Vers un nationalisme politique70
2. L'institutionnalisation croissante de l'appartenance ethno-nationale72
Section 3. Délimiter le national : unifier l'État-nation et définir
les minorités73
A. Forger un espace culturel et politique national74
1. Le territoire national comme espace divers mais clos et unifié74
2. Former des nationaux77
B. Faire les minorités et se faire majorité79
1. L'introduction du droit des minorités comme codification
du nouveau rapport majorité/minorités80
2. Démographie et légitimité politique82
3. Affermir la domination de la majorité : grignoter les droits
des minorités83
C. L'apprentissage de l'ethnicité et son progressif figement84
1. Un homme doit avoir une ethnicité comme il doit avoir un nez
et deux oreilles84
2. De l'auto-détermination à l'assignation à une catégorie ethnique87
Conclusion du chapitre88
Chapitre 2. L'actualisation du clivage ethnique, d'un régime
à l'autre91
Section 1. Ethnicité, légitimité politique et changement de régime92
A. Le legs de la politique soviétique des nationalités93
1. De l'autodétermination nationale wilsonienne au fédéralisme
ethnique soviétique93
2. Les questions démographique et linguistique constituées
en «problèmes»95
B. Ethnicité et mobilisations politiques pendant la perestroïka98
1. L'émergence des protestations collectives en Lettonie soviétique
(1986-1989)99
2. La radicalisation des positions nationalistes (1989-1991)102
Section 2. Ethnicité, mobilisations et nouveau registre normatif :
le transfert de normes européennes sur la protection
des minorités105
A. L'élaboration et la diffusion de normes par les institutions
européennes106
1. Un processus entre logiques juridique et politique106
2. Un appareil normatif composite108
B. La traduction dans l'ordre normatif et les luttes politiques
en Lettonie111
1. Entre univers académique et pratique, aux confins du local
et de l'international112
2. Des marges du pouvoir à l'institutionnalisation116
3. Les porte-parole minoritaires se saisissent des normes
internationales118
C. De nouveaux terrains et de nouvelles armes pour les luttes
de classification119
1. Du local à l'international, de l'international au local120
2. Ressources et contraintes de la mobilisation
du registre juridique124
Conclusion du chapitre129
Chapitre 3. L'institutionnalisation d'un clivage :
ethnicisation du politique et mise en action
publique de l'ethnicité131
Section 1. Analyser l'ethnicisation de la politique132
A. Les formes variées de la représentation politique134
B. Une compétition partisane ethnicisée : un constat
à interroger137
C. Banaliser l'objet «parti ethnique»141
Section 2. La constitution d'une compétition partisane ethnicisée :
la reformulation du clivage Front populaire/PC en clivage
letton/russe142
A. Une structuration partisane bipolarisée à la fin de la période
soviétique142
B. L'ethnicisation de la représentation politique comme produit
de l'espace contraint des positionnements147
1. Recompositions partisanes et prolongement d'une représentation
duale147
2. La difficile formulation d'un clivage idéologique148
3. L'épuisement des clivages alternatifs151
C. L'ethnicisation de la représentation politique comme stratégie153
1. Être «ethnique», une ressource aux marges : naturaliser
la représentation d'un groupe et la compétition politique154
2. La désignation ethnique comme stigmate : disqualifier
un adversaire et se «normaliser»155
Section 3. Être maître chez soi : restaurer l'État, consolider la nation156
A. Un projet ethnicisé d'État-nation157
B. L'introduction de politiques de standardisation exclusives
(1991-1998)159
1. Encourager la défection : la politique en matière de citoyenneté160
2. Renforcer le poids des attributs nationaux lettons : la politique
linguistique161
C. L'«européanisation» des politiques de standardisation163
1. L'assouplissement des politiques de standardisation (1998-2004)164
2. Une logique de cooptation : adapter les non-Lettons à un univers
letton166
3. Les aléas de la libéralisation (2005-)168
Conclusion du chapitre171
Deuxième partie
La négociation des catégories de la classification
Chapitre 1. L'origine, de l'outil statistique à l'instrument d'action
publique177
Section 1. L'enregistrement d'une appartenance héritée et ascriptive180
A. Interrogation des pratiques ou quête des origines ?
La question sur la langue182
1. S'inspirer des normes internationales : vers un enregistrement
des pratiques182
2. Un penchant pour la langue natale183
B. Relever une appartenance ascriptive ou une préférence ?
L'item sur l'ethnicité185
1. «Ethnicité», «nationalité», «nationalité ethnique» ?
Entre évolution des pratiques statistiques et hésitation
sur l'objet de la question185
2. De la défiance envers l'autodétermination à l'absence
de publication des résultats188
Section 2. La publicisation de l'origine190
A. L'inscription de l'ethnicité dans les documents d'identité190
1. La conservation d'une pratique soviétique191
2. Une mise en conformité a minima avec les standards
internationaux194
B. Une appartenance réactivée par des pratiques administratives197
1. La collecte des données sur l'ethnicité des employés
de la fonction publique197
2. L'enregistrement de l'origine des élèves199
Section 3. Origine et politique scolaire : chacun dans son école202
A. Conserver un système scolaire dual : une politique d'assimilation
différenciée202
1. Un basculement freiné par le maintien d'une scolarisation
ségrégée204
2. L'absence de politique contraignante de fermeture des écoles
russes206
B. Promouvoir une identification à l'origine chez les populations
minoritaires210
1. La dynamique de création des écoles ethniques :
«être fier de ses origines»210
2. Un soutien des autorités au nom de la résurrection
de l'authenticité212
Conclusion du chapitre213
Chapitre 2. Rallier ou railler une classification :
mobilisations concurrentes du critère de l'origine215
Section 1. Promouvoir une classification reposant sur l'origine217
A. Compter pour faire nombre218
B. Distinguer pour garantir la pureté220
1. Dissimilation plutôt qu'assimilation221
2. Les écoles ethniques comme réceptacles de l'authenticité ethnique223
C. (Se) distinguer pour hiérarchiser226
1. L'inscription de l'ethnicité comme signe social distinctif226
2. Le goût de l'origine pour différencier «patriotes» et «mankurts»229
3. Classer les populations : l'élaboration du «classificatoire
ethnique»236
Section 2. Résister à la classification par l'origine, reformuler l'exigence
d'enracinement239
A. Remettre en cause le critère de l'origine239
1. Déterminer l'ethnicité par la langue ? Introduire les catégories
«russophone» et «latgalienne»239
2. Rejeter le «devoir de traditions»241
B. Unifier par-delà la diversité des origines : des non-citoyens
aux russophones242
1. De l'engagement pour la révision de la législation
sur la citoyenneté...243
2. ... à la cause de la langue russe244
C. Représenter un groupe étendu et enraciné : la mémoire
de la Seconde Guerre mondiale comme «tradition»246
1. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale au fondement
du groupe247
2. Le respect des ancêtres : l'hommage aux vétérans248
Section 3. Rejouer les luttes de classification : la ratification
de la Convention-cadre250
A. Reformuler la politique à l'égard des populations minoritaires251
1. Les non-Lettons, des «occupants» aux «immigrés»252
2. De la gestion d'une situation «post-coloniale»
à l'enjeu d'«intégration»253
B. Tracer les frontières entre groupes par la (re)définition du terme
«minorité»255
1. Constituer les catégories ethniques : le critère de l'origine
ou de la langue pratiquée ?255
2. Distinguer «vraies» et «fausses» minorités : «minorités
nationales» contre «occupants»-«immigrés» ?256
Conclusion du chapitre258
Troisième partie
La mise à l'épreuve d'une classification
Chapitre 1. Pour une analyse en situation des pratiques265
Section 1. Des pratiques irréductibles aux dispositifs : une analyse
socio-démographique des pratiques et appartenances267
A. la primauté de la langue parlée sur l'origine dans l'orientation
des pratiques267
1. Un décrochage entre pratiques et origine : le choix du conjoint268
2. L'influence de la langue parlée : le choix de l'école270
B. Le recul de l'emprise de l'origine sur les déclarations
d'appartenance274
1. Un moindre alignement des déclarations relatives aux pratiques
sur l'origine : la question du recensement sur la langue natale274
2. Des modifications d'appartenance ethnique plus fréquentes276
C. Une progressive «désethnicisation» ?280
1. Une étude démographique des dynamiques d'assimilation281
2. L'origine demeure une variable discriminante pour expliquer
l'assimilation285
Section 2. De l'enregistrement d'écarts entre positions à l'analyse
de pratiques situées288
A. «Classe sur le papier» ou «classe mobilisée» ?289
B. Remise en cause et entretien des frontières des groupes290
C. Effacement des frontières entre groupes et conscience
de groupe291
Conclusion du chapitre293
Chapitre 2.
Habitus et agir ethniques295
Section 1. L'événement de l'ethnicité297
A. D'un clivage l'autre299
1. De l'ethnique au civique, du civique à l'ethnique299
2. L'imbrication des clivages ethnique, régional, de classe
et de genre301
B. Entre évidence et évanescence du clivage ethnique304
1. Rigidité et souplesse des catégories ethniques305
2. Précipitation et évaporation de l'ethnicité307
C. D'un critère l'autre310
1. La pluralité des critères : origine, langue, religion,
mémoire, etc.310
2. Le chevauchement des critères313
Section 2. La constitution des dispositions ethniques315
A. Historiciser les propriétés ethniques316
1. Opposition ruralité/urbanité et ethnicité317
2. Relation centre/périphérie et distinction letton/russe319
3. La déclinaison de ce clivage dans des dispositions variées322
B. L'incorporation des dispositions ethniques325
1. Enseigner des dispositions326
2. Reproduire des pratiques ethnicisées routinisées328
3. Modification et perpétuation des dispositions ethniques329
Section 3. La mise en oeuvre des dispositions ethniques331
A. Des dispositions à l'action332
1. Contrainte et manipulation332
2. Conception déterministe ou probabiliste de l'habitus ?335
B. De l'unicité à la pluralité de l'acteur336
1. Des dispositions cohérentes ?337
2. Les différentes scènes de performance de l'ethnicité339
C. Une illustration : le parcours d'Andrej341
Conclusion du chapitre343
Conclusion générale
A. Dynamiques de mise en saillance de l'ethnicité345
1. Essai de typologie de l'activation des clivages346
2. Historicisation d'un clivage et analyse de compétitions347
B. Opérations institutionnelles et ordinaires de classification349
1. Représentations politiques et classifications ordinaires349
2. Dispositifs d'action publique et logiques pratiques350
C. Luttes de classification dans des arènes multiples351
1. Transfert de normes et compétitions sur la définition du principe
légitime de division sociale352
2. Pouvoir, classification et qualification353
Références bibliographiques
355
Annexes
399
Index
425