Quelle drôle d'idée, Pierre Cardin, dans le théâtre... Excellant dans la mode, qu'est-il allé faire dans cette aventure ?

Voilà ce que disaient certains de mes collègues, quand je décidais de redonner vie à un théâtre parisien qui s'endormait quelque peu...

Chaque jour, je franchissais la Seine, ce fleuve de vie et de mémoire, qui traversa Lutèce, puis Paris. Je rêvais, à chaque passage, des ombres des anciens Parisiens, qui allaient vers le Garde-meuble royal, et puis ce théâtre, au nom magique, évoquant un peu Chateaubriand, un peu Aristide Briand, le Théâtre des Ambassadeurs...

En bas des Champs-Élysées, je savais alors, parce que je passais devant chaque jour, ou presque, que la Ville de Paris possédait cette scène de choix, où depuis la guerre, on donnait de nombreuses productions théâtrales et musicales d'une grande originalité. Il y avait le théâtre et le restaurant qui l'accompagnaient. Le pas-de-porte était à vendre... En achetant le droit au bail, j'allais pouvoir devenir producteur et concepteur d'une multitude de représentations artistiques. Passeur et acteur dans mes créations, mon futur théâtre allait devenir un formidable moyen d'écoute et d'exhibition, qui allait me permettre de produire et de créer, là, un répertoire d'événements pouvant être classés parmi les plus importants de la culture contemporaine universelle.

Quarante-cinq ans plus tard, je ne pensais pas que tout ceci m'entraînerait aussi loin. Si c'était à refaire ? Sans l'ombre d'une hésitation, je signerais de nouveau. Immédiatement.

Comme j'aime souvent à le dire : «L'art est ma passion. C'est un accompagnement de toute ma vie.»