En 1968, quand débute cette correspondance, Georges Perros a déjà publié un premier volume de Papiers collés et Une vie ordinaire, chez Gallimard. Pierre Pachet, s'il n'est pas exactement un inconnu, n'a encore recueilli aucun de ses écrits critiques mais il est déjà, tout comme son aîné, de l'aventure des Cahiers du Chemin que vient de créer Georges Lambrichs chez le même éditeur.

Toutes les lettres échangées entre Pierre Pachet et Georges Perros, depuis cette date jusqu'à la disparition de l'auteur des Papiers collés en 1978, sont publiées ici. Elles sont suivies des cinq articles que Pierre Pachet a consacrés à l'oeuvre de son ami dans des revues, textes qui sont ici réunis pour la première fois. Une dizaine de documents, feuillets manuscrits, dessins, photographies complètent le volume.

« C'est d'un Perros absolu que vous parlez, d'un type relayé, pris en charge, attaqué - comme le cuivre - par une intelligence différente, plus pensante que la sienne, qui ne sort d'un trou que pour aussitôt se refoutre dans un autre. [...] Ma "pensée" tourne comme un vautour au-dessus d'un tas de charognes, mais ne tombe à pic que lestée d'un langage qui se défait au fur et à mesure qu'il dégringole. Étrange bagage ! Et si je parle tant, si je me parle tant, ce n'est sans doute que pour empêcher, distraire l'ennemi. Faire écran. De manière à dissoudre l'ennui, qui fait la pluie et le beau temps, quoi qu'on dise. [...] Il y a de tout cela dans votre réflexion, qui me comble sans me sauver. Et comment le pourrait-elle ? »

Georges Perros à Pierre Pachet, 7 août 1973