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Léonard de Pise : un sujet anodin devenu référence, et une contribution considérable mais oubliée à l’arrivée de l’algèbre en Europe

dans FMSH - Fondation Maison des sciences de l'homme


  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2017-01-25T01:00:00Z
  • Notes
    • Les chiffres que nous appelons arabes – à tort puisqu’ils sont indiens –, et surtout le calcul écrit qu’ils ont rendu possible, ne sont pas arrivés en Europe en tombant du ciel. Après une timide apparition à Tolède vers 1143, ils ont été présentés pour la première fois dans un ouvrage complet à Pise, en 1202. L’auteur était un voyageur fraîchement rentré d’Égypte et du Proche-Orient, Léonard de Pise, qui a produit du même coup – en latin – un considérable traité d’arithmétique, qui se termine par un large panorama de l’algèbre.Pise était à la fin du 12e siècle une grande puissance maritime commerciale, comparable à Gênes ou à Venise. Elle disposait notamment d’un comptoir à Bougie, actuellement Bedjaia (Vgeith en kabyle) en Algérie. C’est là que travaillait le père de Léonard, « à la douane » selon son fils. Et c’est là qu’il aurait observé la manière très efficace qu’avaient les marchands arabes de faire leurs calculs. Le fait est qu’il fit venir son fils à Bougie, pour qu’on lui apprenne à utiliser « les neuf chiffres indiens », cela certainement dans l’idée de lui conférer un avantage concurrentiel dans une future carrière de fonctionnaire à Pise.Mais Léonard fut tellement enthousiasmé par ce nouveau calcul qu’il ne rentra pas à Pise. Il partit se perfectionner « en Egypte, en Syrie, en Grèce, en Sicile et dans la Province [romaine] ». Et là, au contact de commerçants arabes, il apprit tout ce qui était disponible du nouveau calcul : une science qui s’était développée au cours des quatre siècles précédents – l’ouvrage fondamental d’Al Khowarizmi avait été écrit à Bagdad vers 825 – et était parvenue à une grande maturité. C’est ce qu’il a consigné dans son Liber abaci, sobrement intitulé « Le livre du calcul ».Curieusement, c’est un petit problème amusant qui relèverait pour nous des mathématiques de divertissement, et qui occupe une infime partie de l’ouvrage – moins de deux tiers de page sur 426 –, qui a valu la notoriété à son auteur : on y a trouvé au 19e siècle de quoi définir la suite de Fibonacci. Et l’on a en revanche oublié qu’il avait introduit les nouveaux chiffres et le nouveau calcul en Europe, qu’il avait été le premier à y présenter l’algèbre – il est vrai sous une forme très peu efficace ! – et qu’il avait été le premier à présenter la fausse position sous tous ses modes de résolution.En un mot : Léonard de Pise n’a rien inventé, mais il a joué un rôle essentiel dans le démarrage de l’arithmétique moderne en Occident.
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    • Français
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    • https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/
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