De tradition ashkénaze, l’Alsace et la Lorraine concentrent aujourd’hui près de cent quarante cimetières juifs, aux traits très spécifiques, d’autant que trois départements annexés par l’Allemagne entre 1871 et 1919 n’ont pas été touchés par les grandes lois laïques de la IIIe République. Représentant les trois quarts des juifs de France lors de la Révolution mais considérés jusque-là comme une nation « étrangère », leurs cimetières témoignent après l’émancipation d’un effort de concilier particularismes religieux et intégration au modèle national. Ce franco-judaïsme est remis en cause au xxe siècle par l’arrivée de nombreux juifs étrangers, puis par la Shoah.