L’article examine le problème du mensonge politique au début de l’époque moderne. Ce problème surgit d’un conflit entre la reconnaissance consensuelle, dans la littérature politique, de la nécessité de pratiques gouvernementales du secret et de la tromperie, et l’imposition éthique pour la théologie morale chrétienne sous l’autorité d’Augustin d’Hippone, d’une prohibition inconditionnelle du mensonge. On décrit rapidement les stratégies argumentatives visant à légitimer des pratiques orthodoxes de secret et de tromperie sans mensonge, et l’on évoque la progressive réhabilitation, sur les bases et dans les limites du jusnaturalisme moderne, de certaines pratiques de mensonge, gouvernementales, mais aussi visant à la protection des droits des individus.