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Rendre justice ou renforcer le patriarcat ? Le genre, la loi et la violence domestique

dans Presses universitaires de Paris Nanterre

Auteur(s) : Ray, Sawmya

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2014-06-30T02:00:00Z
  • Notes
    • La Constitution indienne garantit aux femmes l’égalité civique et c’est à l’État indien de s’assurer qu’une telle garantie constitutionnelle est respectée en toute circonstance. La loi constitue l’un des outils principaux permettant à l’État de s’assurer que les femmes bénéficient d’un traitement équitable en tant que citoyennes et que toute discrimination et violence fondée sur le genre soient bannies. Les exemples prouvent cependant que la loi n’a pas fait la preuve de son efficacité pour enrayer la myriade de formes de violence à caractère sexiste auxquelles les femmes à travers toute l’Inde se trouvent quotidiennement confrontées.  Les commissariats de police entièrement féminins, fruits du combat des mouvements féministes, entre autres, n’ont pas permis d’observer de changement substantiel. C’est dans ce contexte que cet article tente de comprendre la relation (à travers la loi) de l’État envers les femmes et son attitude dans leurs problèmes quotidiens. Il s’agira de se livrer à un examen attentif des moyens par lesquels l’État indien conçoit, répond et élabore la question de la violence à l’égard des femmes. Le présent article examine la culture au cœur de laquelle fonctionne le système judiciaire indien et dans quelle mesure il affecte la quête de justice des femmes. On cherchera ici à comprendre plus spécifiquement la perception, de la part du personnel judiciaire, à l’égard de la violence domestique et des manières dont celui-ci interprète et met en œuvre les lois existantes afin de se prononcer sur de telles affaires. Les données communiquées dans cet article ont été collectées dans le cadre de l’appareil judiciaire de l’État d’Odisha, situé dans la partie orientale du pays. Nous nous sommes fondés sur l’analyse de contenu d’affaires jugées par la Haute cour de l’Odisha dans les années 1988-2009 en lien avec les articles S498A et 304B IPC (Femmes Battues et Meurtre pour Dot), la Loi d’interdiction de la dot 4 & 6 et la Loi de protection des femmes contre la violence conjugale de 2005. Les données proviennent également d’observations dans tous les postes de police féminins ainsi que d’interviews approfondis avec le personnel judiciaire (police, avocats et juges) et un suivi de leurs réponses et attitudes quant à la question de la violence domestique. Cette étude affirme que le personnel judiciaire interprète et applique les articles en question de manière patriarcale et par là-même, renforce des notions sexuellement connotées telles que « femmes », « sexualité », « famille idéale », « masculinité » et « féminité ». Elle conclut qu’en dépit des amendements, les notions patriarcales telles que « chasteté » et « pureté », « devoir conjugal » » et « rôles genrés », « Sita et sati » « bonne et mauvaise femme » « famille sacrée » et autres sont utilisées pour refuser que justice soit faite aux femmes. Cet article insiste sur le fait qu’alors que des lois ont été promulguées et amendées de temps à autre (ce qui en soit n’est pas accompli de manière à tenir compte du genre), c’est surtout dans l’interprétation et l’application que l’État/la loi faillit. Il prouve comment, plutôt que de constituer un outil de lutte contre la violence faite aux femmes, la loi prend une part active et importante à perpétuer la discrimination et la violence sexistes, niant par là aux femmes une égalité civique.
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    • Français
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    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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