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L’art du briquetier, XIIIe-XIXe siècles. Du régime de la pratique aux régimes de la technique

dans IHMC - Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066)

Auteur(s) : Lacheze, Cyril

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2021-04-28T02:00:00Z
  • Notes
    • Les différents acteurs de la société ne conçoivent pas tous une même technique de la même façon. L’artisan, le savant, l’ingénieur, mais aussi l’investisseur, l’administrateur ou le client, font appel à des topiques de pensées différentes, faisant cohabiter dans un même espace socio-technique plusieurs régimes de pensée opératoire – pratique, technique, technologie. Les relations entre ces régimes sont interrogées via le cas de la production de terre cuite architecturale (briques, tuiles, carreaux, tuyaux, etc.), des premières sources écrites (XIIIe siècle) au tournant industriel intervenu vers 1870. Il s’agit d’une production largement répandue, généralement libre, concernant aussi bien des produits luxueux que d’usage courant, et soumise à un certain nombre d’enjeux socio-économiques. L’important corpus ouvert – sources manuscrites, imprimées, iconographiques, archéologiques – est interrogé dans une perspective systémique. De fait, les régimes s’avèrent pluriels et interconnectés. Le régime pratique ne pouvait concerner que la chaîne opératoire à proprement parler. Toutes les opérations sortant du strict cadre de celle-ci, permettant notamment de mobiliser le complexe technique nécessaire à la production, supposaient un dialogue avec des acteurs tiers et, en conséquence, la mise en place de normes – écrites ou orales, officielles ou officieuses, explicites ou tacites – permettant l’intercompréhension par-delà des topiques de pensées différentes voire divergentes. Plus nettement techniques encore étaient les traités aux XVIIIe et XIXe siècles. Les pensées sous-jacentes étaient là aussi plurielles. Qu’ils aient été encyclopédistes non spécialistes recopiant des textes plus ou moins pertinents, ou ingénieurs militaires ou civils répondant à des commandes éditoriales, peu d’auteurs cherchaient réellement à décrire la pratique commune. Une approche « scientifique » se dessina quelque peu dans la décennie 1840 avec Alexandre Brongniart, mais ce furent les nouveautés techniques, intéressant particulièrement le lectorat, qui constituèrent le socle des publications postérieures. Les rédacteurs se tournèrent alors vers la littérature périodique spécialisée. Or, celle-ci servait en premier chef, avec les expositions ou encore les concours, de moyen de communication pour des inventeurs soumis à une forte concurrence. De nouvelles filières techniques apparurent dans les années 1830-1850 lorsque certains, abandonnant une logique de mécanisation de la pratique, commencèrent à penser de manière « technologisante », à défaut de réellement technologique. Toutefois, seuls les quelques-uns qui purent et surent s’insérer efficacement dans ce réseau – ou sous-système – sociotechnique parvinrent à faire largement connaître leurs productions, et à attacher leurs noms à l’innovation.
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    • Français
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    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/
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