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Shakespeare’s Poetics of Impurity: Spots, Stains, and Slime

dans Association Études Épistémè

Auteur(s) : Chiari, Sophie

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2018-09-20T02:00:00Z
  • Notes
    • Les taches, souillures et autres salissures reviennent souvent dans les pièces et les poèmes de Shakespeare où elles sont généralement le signe du péché, du mal et de la violence. Si la plupart des occurrences renvoient à ce symbolisme négatif, j’entends démontrer que ces lieux emblématiques de pollution permettent, de par leur ambivalence, de dévoiler certains aspects de la poétique shakespearienne, les taches, aux XVIe et XVIIe siècles, étant aussi fréquemment associées à l’activité créatrice. Cet article s’intéresse donc d’abord à la nature irrégulière et imparfaite des textes de la première modernité (souvent décrits par les détracteurs de l’époque comme des « patched texts ») ainsi qu’aux taches de sang et d’encre liées au processus de composition dramatique, avant de prendre en compte la question de la souillure : alors que le mot « stain » implique fréquemment la violence sexuelle, « spot » s’applique davantage au péché et à l’âme, même si ces deux significations fusionnent parfois. Dans ce contexte, je suggère que le fantôme de la tragédie d’Hamlet, qui matérialise le doute et le trauma, n’est pas simplement un tour de force théâtral mais aussi une tache, un point aveugle essentiel à la structure de l’œuvre. La dernière partie de l’article est consacrée à la vase, à la boue et au limon, les principales formes de salissure dans Antoine et Cléopâtre, qui sont analysées dans une perspective essentiellement lucrétienne. Dans les eaux du Nil en effet, la boue égyptienne est source de souillure autant que de régénération. Comme les nuages dans le ciel qui ne cessent de se décomposer pour mieux se recomposer, la boue détruit et recrée et elle offre ainsi une analogie éclairante du procédé d’écriture shakespearien, qui décompose et recompose sans cesse la matière textuelle. La poétique shakespearienne, marquée au sceau de l’impureté, se révèle en fin de compte à la fois souillée et sublimée par les nombreuses taches ou macules qu’elle porte en elle.
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