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Giordano Bruno ou la curiosité militante

dans Association Études Épistémè

Auteur(s) : Venet, Gisèle

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2015-05-28T02:00:00Z
  • Notes
    • Dans son épître liminaire au Théâtre du Monde (1552), le moraliste Pierre Boaistuau fait un éloge prolixe du désir irrépressible de connaissance pour mieux opposer la sobriété classique de la « mesure » à la « démesure » du style baroque. Sa retenue verbale lui sert au contraire à réaffirmer un conservatisme cosmique de monde clos autour d’une Terre fixe, promis à une inéluctable catastrophe cosmique. La seule connaissance à retenir après la chute adamique est celle d’un moi infirme par quoi s’annonce l’anti-humanisme du Mespris de la vie (1594) de Chassignet ou le mépris de tout savoir humain du Nosce Teipsum (c. 1590) de Sir John Davies. Giordano Bruno au contraire choisit l’exubérance verbale et poétique pour ébranler les idées reçues et opposer au militantisme de la « vanité » celui de la « curiosité », audace d’Icare moderne dans un univers infini où le cosmos est structuré comme un langage et tout est mouvement. La prolixité y est langage d’une liberté de l’esprit et langue de cette liberté, mais la forme restreinte du sonnet maniériste dit encore la réalité mouvante et oxymore du monde. La quête d’une phénoménologie déductive de l’infini s’appuie sur la limitation des sens pour affirmer une pluralité de mondes illimitée, à opposer à la découverte colonialiste et esclavagiste du « Nouveau Monde ». Cet héroïsme poétique de la connaissance vaudra à ce premier philosophe des Lumières de mourir sur le bûcher de l’Inquisition en février 1600.
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    • Français
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    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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