Dans l’Italie de la Renaissance, les historiens ont repéré un certain nombre de femmes auxquelles on accordait un charisme d’ordre surnaturel, notamment un don prophétique et visionnaire. Dès lors, elles sont censées avoir joué un rôle de prophétesses mystiques auprès des princes italiens. Les « prophétesses de cour » ont été étudiées en tant que familiers du prince, occupant une fonction de médiation entre les seigneurs et leurs sujets, par les biais de prophéties et visions visant à affermir et renforcer l’autorité souveraine. Par cet article, je me propose d’approcher le rôle de la prophétie et de la vision féminine dans le duché de Savoie, entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècle. On émet l’hypothèse d’une interpénétration des pouvoirs formels et des autorités informelles, et on propose une réflexion sur la place occupée par le discours dévotionnel des communautés de village, de l’aristocratie et de la cour.