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Des (dés)accords grammaticaux dans la dénomination écrite de la personne en France : un tumulte graphique entre passions tristes et passions joyeuses

dans Association GSL


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    • 2020-12-15T01:00:00Z
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    • Le genre grammatical est aujourd’hui traversé d’ondes de choc où la dénomination de la personne se trouve prise dans les usages conflictuels d’une police grammaticale et de multiples pratiques scripturales à visée unique : dénoncer le contrat phénoménologique de la langue, i.e. l’injonction de visibilisation, par les marques grammaticales, de l’assignation à la différence de genre et l’appropriation de l’universel-générique-neutre par le masculin.Notre travail prend acte du rapport publié par l’Académie française le 1er mars 2019 : La féminisation des noms de métiers et de fonctions, pour en questionner les (im)postures résistantes. La réflexion critique que nous engageons ici analyse une double hégémonie : celle des rapports sociaux de genre grammatical ou police du genre grammatical, et celle de la phonè sur la graphè ou phonocratie. Leur destitution est indissociable.En effet, la police grammaticale institue par les non-marques masculines le masculin pour seule et pleine mesure de l’humain en confisquant celui-ci au féminin par le supplément de signifiance des marques féminines : paradoxe d’une sur-signifiance insignifiée et insignifiante. Des pratiques certes moins discriminantes viennent concurrencer cette police. Elles n’en obéissent pas moins au même contrat par leur respect de l’injonction première et leur soumission à une logique référentialiste, à savoir l’accord entre sexe du référent et genre grammatical. Toutefois, elles lèvent le paradoxe en dé-signifiant les marques masculines et en re-signifiant les marques féminines pour que masculin et féminin aient même valeur d’humanité. Si le « tumulte graphique » présent n’échappe pas aux apories de cette logique, sa volonté de rendre l’écriture moins discriminante provoque sans répit tollés et invectives. L’une des critiques récurrentes est l’imprononçabilité des graphies proposées. Cette critique rappelle le soutènement phonocratique de l’épistémologie linguistique et la relégation ancillaire de l’écriture confortée par le rapport de l’Académie française. Affirmer une efficience propre de l’écriture suppose la déliaison du phonique et du graphique, pour couper court aux arguments des gardien·nes de l’ordre. Les deux destitutions sont inséparables puisqu’elles s’attaquent à un même système : l’androphonocratie, foyer où s’alimentent les passions tristes d’un héritage menacé... en attente d’autres jubilations.
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