Cet article propose de réfléchir aux conséquences possibles des usages du terme « allophone » en contextes scolaires français. En partant de l’étymologie du mot « allophone », qui repose sur l’idée d’une altérité linguistique, nous verrons que les usages scolaires de ce terme ne concernent qu’une minorité d’élèves liés à l’émigration-immigration, scolarisés dans des unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants (UPE2A). Depuis son introduction en 2012 dans le système scolaire français, le qualificatif « allophone » est promu comme une désignation provisoire qui valoriserait les élèves concernés, en soulignant les langues qu’ils parlent plutôt que celle qu’ils ne parlent pas ou pas suffisamment : le français. Derrière ces intentions lexicales louables, nous proposerons une autre lecture de ce mot. Que deviennent les allophones lorsqu’ils ne sont plus appelés ainsi ? Qui seraient les idiophones ? Qu’entend-on par autre et par langue dans allophone ? Enfin, qu’est-ce que parler la même langue veut dire ?