Cet article analyse comment José María Arguedas né dans le Pérou de castes du début du xxe siècle a consacré sa vie et son œuvre à venir à bout des murs qui séparaient deux mondes antagoniques, Lima et la Sierra, conscient aussi des bouleversements que cela entraînerait. Mais le grand huayco qui commence à partir des années cinquante, c'est-à-dire l'afflux de migrants andins sur Lima, susceptible de mettre en danger une culture traditionnelle confrontée soudain à la modernité, sera accueilli par Arguedas comme un pachakuti d'où surgirait – espérait-il – une société plus harmonieuse, où tout mur discriminatoire serait tombé : un pays de « tous les sangs ».