Au Brésil, l’invisibilité des pauvres de la campagne, leurs luttes et le manque de reconnaissance de leur place dans la société représentent un phénomène social de grande envergure. Cette invisibilité est liée à une image négative (souvent péjorative) des travailleurs ruraux dans l’opinion publique brésilienne. Dans le débat sur la réforme agraire, il y a toujours l’idée (pour ceux qui s’y opposent) que les travailleurs ruraux sont « des pauvres types », incapables d’administrer un lopin de terre (contrairement aux grands propriétaires ruraux, à l’agrobusiness qui concentre les grandes fortunes du pays). L’objectif de notre travail est de montrer comment la littérature a fortement contribué à la construction du stigmate du travailleur rural au Brésil, autrement dit à une identité négative de ce travailleur. C’est au début du XXe siècle que le livre de contes de Monteiro Lobato, Urupês, a amené sur la place publique un personnage emblématique, parasite de la terre, exemple de la « race dégénérée », le Jeca Tatu.