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“New contours suggested by old words”: la modernité américaine au tamis de l’archéologie poétique

dans Institut des Amériques

Auteur(s) : Clavier, Aurore

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2018-06-21T02:00:00Z
  • Notes
    • La modernité du premier XXe siècle s’est tout autant définie par ses amnésies volontaires quant au passé immédiat, que par son attrait pour le temps long, les excavations inédites, l’affleurement des survivances, l’écriture rétrospective. Une telle oscillation entre présent oublieux et passé au tracé instable fut sans doute plus marquée encore aux États-Unis, travaillés qu’ils furent par une jeune histoire en mal de profondeur et une « préhistoire » ensevelie par l’idéologie conquérante de la destinée manifeste. Ce récit national dont la date de naissance même s’est bien souvent déplacée sur la ligne du temps, n’a cessé d’occuper, outre les seuls historiens, les acteurs culturels soucieux de (ré)inventer, à rebours des mythes fondateurs de la gentility, une nation qu’ils estimaient tour à tour immature ou sclérosée. De naissances en renaissances, d’inventions en redécouvertes, l’Amérique moderne fut inlassablement passée au crible de sa propre histoire, comme pour faire bouger les lignes de l’ancien afin de mieux réviser les contours du contemporain. Le projet de cette étude serait donc d’examiner l’entreprise historiographique, si ce n’est archéologique, menée par les critiques culturels et plus encore les auteurs américains (W. C. Williams, W. Stevens, E. Pound), dès les années 1910 et pendant l’entre-deux-guerres, afin d’appréhender les motifs autant que les outils qu’elle a permis de façonner. Quels antécédents le modernisme s’est-il ainsi choisi ? Quelles périodes a-t-il voulu exhumer pour mieux s’y enraciner (non sans imposer à son tour, peut-être, les angles morts d’un certain révisionnisme) ? Comment ces relectures et ces excavations se sont-elles nourries de la pluralité géographique du continent, en ouvrant son obsédante « frontière » à des horizons longtemps restés ignorés — Amérique centrale, Caraïbes, voire « nations [amérindiennes] enfouies » (W. Frank) — en son sein même ? Et surtout, en quoi la modernité a-t-elle redéfini les modes de réécriture de son passé, soumettant le récit unitaire, le recouvrement canonique, la « chimère de l’origine » (G. Agamben) à la distanciation critique, à l’hétérogénéité documentaire, à la dissémination poétique ?
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    • Français
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