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Le patrimoine monumental du comté de Nice entre France et Piémont, d’une histoire nationale à l’autre 1830-1930

dans Ministère de la Culture

Auteur(s) : Bottaro, Alain

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2019-02-19T01:00:00Z
  • Notes
    • Le territoire français connaît ses derniers accroissements notables dans la seconde moitié du xixe siècle, lorsqu’à l’issue de l’engagement de Napoléon III dans la guerre du Piémont contre l’Autriche, la France annexe la Savoie et le comté de Nice. Le patrimoine monumental de ces nouvelles provinces participait donc de l’histoire d’une nation étrangère avant 1860, celle du Piémont-Sardaigne et de sa dynastie régnante, la Maison de Savoie. Le transfert de souveraineté en 1860 entraîne ce que l’on pourrait appeler un processus de francisation des monuments historiques. Le présent article s’intéresse au patrimoine du comté de Nice en décrivant les principales facettes de ce processus aux implications administratives sur le temps court, mais aussi scientifiques et politiques sur le temps long, depuis la décennie 1830 jusqu’aux dernières conséquences durant les années 1930, quand l’irrédentisme fasciste remit en question l’appartenance de Nice à l’ensemble français. L’installation à Nice du service français des Monuments historiques ne correspond en aucun cas à l’origine de la fonction régalienne de la protection du patrimoine. Depuis 1832, l’État piémontais a suscité la création d’une « Giunta di antichità e Belle arti » et la nomination de Carlo Promis comme premier « ispettore dei monumenti d’antichità dei reali Stati » dans les années même où la monarchie de Juillet instituait la commission des Monuments historiques et la fonction d’inspecteur. Comme la commission française à ses débuts, le dispositif du Piémont entend s’adjoindre le concours des sociétés savantes locales. Le premier recensement des monuments aboutit à une première liste de classement. Le service français prend donc le relais des premières protections. Le chantier de restauration du trophée des Alpes, à La Turbie, revêt un caractère emblématique : le parti adopté par les ingénieurs du Génie civil sarde est celui d’une stricte consolidation tandis que Viollet-le-Duc et ses disciples s’engagent dans la voie de la restitution. Le changement complet de doctrine de restauration se double du changement de point de vue historique : en effet, les monuments et les sites archéologiques niçois s’intègrent avant 1860 dans la geste de la dynastie de Savoie, qui entreprend à partir de 1848 la construction de l’Italie unitaire. La question des styles revêt une dimension hautement politique en Italie du Nord, où les architectes cherchent à forger dans l’historicisme une architecture nationale pour la nouvelle Italie. L’annexion à la France fait entrer ce patrimoine dans une nouvelle histoire nationale, l’histoire de France. Un fragment antique est symboliquement donné à Napoléon III pour les collections du tout nouveau musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines de Saint-Germain-en-Laye.
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    • Français
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