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La genèse des créoles des Mascareignes et des Seychelles : microcosme et substrats

dans INALCO


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  • Date
    • 2015-11-26T01:00:00Z
  • Notes
    • L’idée de regarder les archipels créoles de l’océan Indien (Mascareignes et Seychelles) comme le microcosme d’un macrocosme qui serait l’océan Indien occidental lui-même était chère à Paul Ottino. Elle est intéressante, à condition toutefois qu’elle soit mise en œuvre avec prudence, nuance et rigueur, mais plus encore avec une connaissance réelle des réalités historiques, linguistiques et sociétales de la zone. Ce n’est assurément pas le cas des positions prises par un certain nombre de chercheurs allemands (S. Kriegel, R. Ludwig et S. Michaelis) dont les motivations ne sont pas nécessairement très claires et qui emboîtent le pas à A. Bollée qui, de façon inattendue, s’est rangée sur les brisées de P. Baker qui est, somme toute, l’initiateur de la plupart de ces chimères. Tous ces auteurs refusent, d’un bloc, ma théorie dite du « bourbonnais » qui repose essentiellement sur des identités évidentes entre les créoles réunionnais et mauricien que ces auteurs sont bien obligés de reconnaître sans être capables d’en donner la moindre explication! Pourtant, elles s’expliquent fort bien si l’on prend en compte que pendant une année entière (1721-1723), lors du début de l’occupation de l’Île de France (aujourd’hui Maurice) les « coopérants » venus de Bourbon (aujourd’hui la Réunion), Blancs et Noirs, loués par la Compagnie des Indes « pour instruire » les nouveaux arrivants, ont formé 25 % de la population active de l’île dans le secteur vital de la production agricole. De ce fait, modèles sociaux et professionnels, ils ont inévitablement transmis dans leur langue (que je nomme le « bourbonnais » pour éviter d’en faire prématurément un « créole ») tout leur savoir et les dénominations dont ils usaient pour nombre d’éléments de l’environnement. Cela est vrai, tout aussi bien pour des centaines de lexèmes que surtout pour des éléments grammaticaux tout à fait spécifiques et inconnus de tous les autres créoles de la zone américano-caraïbe comme « bane » pour la pluralité ou « zot » comme marque possessive et personnelle de 2e et 3e personnes de pluriel 2 et 3. Plus important encore est le fait que 80 % des termes créoles d’origine malgache soient communs aux deux créoles réunionnais et mauricien, ce que l’on ne peut évidemment pas mettre au compte du simple hasard. Toutefois, ces chimères reposent essentiellement aussi bien sur des ignorances historiques et linguistiques que sur des usages abusifs du mot « substrat » qui n’a nullement, dans les sciences du langage, le sens que leur prêtent ces auteurs en découvrant un substrat bojpouri en créole mauricien et un substrat bantou en seychellois pour des faits attestés dans ces créoles avant même l’arrivée des populations en cause.
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    • Français
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