Chestov n’a pas seulement lu et commenté Dostoïevski, il en a fait un singulier maître en philosophie : l’un des seuls capables d’ébranler, de renverser l’ordre logique, rationnel, dans lequel la pensée s’est enfermée. Mais s’il a su approcher « les dernières questions de l’être » c’est, selon Chestov, qu’il a inauguré une nouvelle manière d’être philosophe : philosopher en idiot. En nous appuyant sur certaines considérations de Deleuze (sur Chestov et Dostoïevski, qu’il évoque à plusieurs reprises, mais aussi sur la notion de personnage conceptuel), nous tâchons d’expliciter les traits de cette nouvelle figure, ainsi que la façon dont les problèmes que pose Chestov nécessitent son apparition.