L’Allemagne aussi ressent l’impact de la crise financière internationale. A l’été 2007, la banque publique IKB, filiale de la Kreditanstalt für Wiederaufbau et dédiée au financement des PME, avait fait l’objet d’une opération de sauvetage de la part des pouvoirs publics, de même que la banque régionale publique du Land de Saxe, la Sachsen LB, avait dû être absorbée in extremis par son homologue du Bade-Wurtemberg, la LBBW. En ce début d’automne 2008, la banque immobilière Hypo Real Estate a été de justesse sauvée de la faillite. Néanmoins, la liste des dommages collatéraux de l’éclatement de la bulle spéculative semble pour l’instant se limiter à ces trois cas, aux dires du gouvernement fédéral. Si le secteur bancaire allemand est exposé comme tous les autres aux effets indirects de la crise des subprimes, et si aucun de ses trois piliers (banques privées, coopératives et caisses d’épargne) n’est totalement à l’abri, il n’en jouit pas moins d’une constitution robuste. Et celle-ci, en prémunissant largement les entreprises, et tout particulièrement celles du Mittelstand sur lequel repose en grande partie la compétitivité de l’économie allemande (voir REA 83/07), du risque d’un resserrement du crédit, comme l’expliquent aussi bien la Bundesbank que la fédération de l’industrie BDI, réduit l’impact des turbulences de la finance mondiale sur la croissance allemande.Ces turbulences révèlent a contrario les éléments structurels à l’origine de cette stabilité. Dans la déclaration gouvernementale sur l’état des marchés financiers faite devant le Bundestag le 25-09-2008, le ministre fédéral des Finances, Peer Steinbrück, les résumait ainsi : « cette crise… fait apparaître que le système de la banque universelle avec ses trois piliers…, un système conforme à notre modèle d’économie sociale de marché, est nettement plus solide que le système anglo-américain avec son principe de la banque mono-métier et sa fixation sur une rentabilité à court terme ». Dans ce système, le rôle principal de ‘stabilisateur’ de l’économie revient à deux piliers : à celui des banques coopératives et, plus encore au réseau des caisses d’épargne, expressément salué par Peer Steinbrück pour sa culture orientée sur le long terme et son ancrage dans l’économie réelle. Bien sûr, ce constat a pour fonction de rassurer l’opinion. Mais il repose sur la réalité d’indicateurs macro-économiques et d’analyses structurelles incontestables. Il a également pour propos, à l’heure où s’avive le conflit qui oppose l’Allemagne et la Commission européenne sur le dossier (aides indues d’Etat) de la banque publique de Rhénanie du Nord-Westphalie, la West LB, de plaider vis-à-vis de ‘Bruxelles’ la cause de ces banques qui sont un élément constitutif du réseau des caisses d’épargne et de forcer en interne une rapide réforme de leurs structures et missions. Nous avons demandé à M. Schackmann-Fallis, membre du bureau exécutif de la Fédération allemande des Caisses d’épargne (Deutscher Sparkassen- und Giroverband), qui en préside la direction Economie et politique et est en charge également des questions européennes et des affaires internationales, de nous dresser un état des lieux du marché bancaire allemand et de nous exposer la place particulière qu’y occupe le réseau des caisses d’épargne. (IB)