La place qu’occupe la bibliométrie en économie, aussi bien que le rôle dévolu aux revues états-uniennes dans la hiérarchie des publications qui servent à étayer l’évaluation des chercheurs et celle de leurs équipes, invite à prendre au sérieux l’usage qu’en font les économistes en France. D’où la double question : qui publie où, et avec qui ? L’investigation porte sur les auteurs de l’intégralité des articles parus durant quatre années (de 2015 à 2018) dans les six revues de rang 1* (les excellentes) figurant dans la liste des revues du CoNRS, ainsi que sur les auteurs de l’intégralité des articles publiés en 2015 par les 56 revues classées « 1 ». Au terme de l’enquête, il est clair que les économistes français ne publient (quasiment) pas dans les revues qu’ils ont pourtant eux-mêmes désignées comme des cibles à atteindre, et recommandées comme critères d’excellence. Pour éclairer cette situation a priori paradoxale, compte-tenu des enjeux que représentent les évaluations individuelles et collectives, il nous faut revenir sur la genèse d’une telle situation, et sur ses conséquences.