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Confiance et méfiance : une nécessaire limitation

dans Presses universitaires de Strasbourg

Auteur(s) : Alès, Catherine

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2022-07-16T02:00:00Z
  • Notes
    • En s’inspirant des relations sociales entretenues dans une société amazonienne segmentaire, l’article explore la part de confiance basée sur des attentes rationnelles de l’intérêt des autres de partager le même engagement que soi dans un domaine concerné (Hardin) et la part de confiance basée sur des raisons morales, émotionnelles et culturelles (Baier). On peut décrire la société yanomami comme un système basé sur l’administration réitérée de la preuve de la possibilité d’être en confiance envers ses proches et amis, ses corésidents, proches voisins, et ses alliés plus lointains. Dans les relations pacifiques quotidiennes, les personnes de confiance sont définies comme étant celles sur lesquelles on peut compter, c’est-à-dire, capables de produire et garantir apport d’aliments et de biens, prodiguer aide et sollicitude en cas d’épreuve sanitaire et émotionnelle, et assurer solidarité et réciprocité dans la vie rituelle et les opérations de défense et de justice. En regard des conflits et de l’agression (réelle comme supposée), la fiabilité découle dans la capacité des personnes à se ranger et à se battre à vos côtés. Au quotidien, la construction de la confiance repose sur l’établissement d’une « zone de confiance minimale » afin que les individus d’un groupe local puissent compter, non sur le fait que les autres personnes sont de facto régulièrement côtoyées (et donc habituellement fiables), mais sur un véritable engagement de non-agression entre les habitants d’une zone donnée. Les Yanomami ont une parfaite conscience qu’il y a un risque. Il y a donc toujours une part de risque que l’on accepte de prendre envers les gens de confiance, et il n’y aurait pas de relations sociales possibles sans cette part de risque consentie. C’est en ce sens qu’il s’agit d’un système de confiance limité mais soigneusement construit et non pas basé sur une confiance qui serait involontaire ou informelle, « avec divers degrés de conscience de soi, de volontarisme ou expression » (Baier), ou sans être conscient de la raison pour laquelle on doit faire confiance (Bloch).
  • Langues
    • Français
  • Sujet(s)
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    • info:eu-repo/semantics/openAccess .
    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/
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