La trajectoire de Jean-François Séguier (1703-1784), qui réside pendant vingt ans à Vérone auprès du marquis Maffei avant de retourner vivre à Nîmes, sa ville natale, éclaire les contraintes spatiales auxquelles sont soumises les communications intellectuelles à l’époque moderne. À rebours de l’image d’une République des lettres uniformément maillée par les réseaux de correspondance, elle invite à s’intéresser aux dispositifs mis en œuvre par les savants pour gérer ces contraintes. « Écritures ordinaires » telles que carnets de connaissances ou de visiteurs, mobilisation de « liens faibles » issus de rencontres brèves ou ponctuelles, lettres de recommandation remises aux voyageurs sont autant de dispositifs qui préservent dans la distance la possibilité des échanges savants.