Cet article s’intéresse aux œuvres de Catherine Breillat dont les thèmes chers au cinéma sont éminemment psychanalytiques, que ses romans ou ses scénarios semblent parfois reprendre, presque mot à mot, le contenu de certaines formulations freudo-lacaniennes quant aux errances de l’âme devant le sexuel. Mais, au fond, l’heure de la « post-intimité » – que nous serions en train de vivre et que Breillat aurait pré-annoncée –, ne signe-t-elle pas, au moment paradoxal où la vulgate pan-sexualiste de l’inconscient, de ses lapsus et de ses actes manqués ronronne un peu partout, la mort en bonne et due forme de la pratique psychanalytique ? En effet, si tout l’intime est donné à voir au grand jour, que resterait-il donc à dire à l’intérieur de l’espace clos que cernent encore les divans psychanalytiques ? Ainsi corps, sexualité et regard, par une nouvelle alliance, auraient-ils jeté un sort aux profondeurs du moi ? Plus les petits secrets de nos existences ont envahi le champ des médias, plus ils ont trouvé un espace pour être représentés à l’image, plus ils auraient fini par définitivement déserter les séances de la fameuse talking cure freudienne.