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Exposer la danse : Négocier collectivement et dans l’action les répertoires de gestes

dans Presses universitaires de Liège (PULg)

Auteur(s) : Bénichou, Anne

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2020-07-22T02:00:00Z
  • Notes
    • Au cours de la dernière décennie, de nombreuses institutions muséales, traditionnellement dédiées aux arts visuels, se sont ouvertes à la danse contemporaine. Des chorégraphes préfèrent les galeries des musées et des centres d’exposition aux salles de spectacle traditionnelles. Cette intégration de la danse au musée d’art n’est certes pas un phénomène nouveau, mais elle a pris une ampleur considérable et des formes inusitées. Un nouvel objet muséal est récemment apparu, l’« exposition de danse ». Celle-ci consiste à exposer la danse sans adopter le format d’une exposition sur la danse, ni celui d’un spectacle de danse adapté aux espaces muséaux. Il s’agit plutôt d’orchestrer, à l’aide de partitions, quatre composantes : les corps des performeurs et des visiteurs, le temps et l’espace de l’exposition, et la mémoire de ce qui a eu lieu. Cet article explore l’hypothèse suivante : les expositions de danse fonctionnent comme des « scènes d’apparaître » sur lesquelles des « communautés de singularités », ouvertes aux différences et aux dissensus, négocient dans l’action des répertoires de gestes. À partir des réflexions de Giorgio Agamben, de Jean-Luc Nancy et d’Irit Rogoff, je montre que ces expositions proposent des approches non normatives et non consensuelles de la participation du public. On y fait les choses ensemble, mais séparément. Chacun invente sa manière d’apparaître devant les autres, faisant émerger de nouvelles modalités de l’être-ensemble qui se distinguent des formes participatives de l’esthétique relationnelle. Ces expositions contribuent également à de nouvelles modalités de mémoire et de transmission des œuvres qui s’apparentent au « répertoire en action » des performances musicales, dans le domaine du jazz, que les sociologues Robert Faulkner et Howard Becker ont analysé. Ce processus mnésique, dynamique et collectif interagit avec l’archive muséale. Il contribue, le temps de l’exposition, à transformer le musée, « lieu de mémoire » voué à la collection d’objets artistiques dont la sélection, la conservation et la médiation sont la responsabilité d’experts, en un « milieu de mémoire » constitué d’une pluralité d’acteurs qui négocient ensemble des répertoires de gestes. Cette portée expérimentale et exploratoire semble toutefois menacée par le succès que remportent les expositions de danse, en voie de devenir une nouvelle avenue économique pour le musée d’art et pour la danse.
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