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Shared or different: How linked are word production and comprehension?

dans Laboratoire Parole et Langage


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  • Date
    • 2023-01-27T01:00:00Z
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    • Comment nous produisons et percevons les mots reste l’une des questions majeures de la recherche sur le langage, tant les mots sont essentiels pour échanger sur le monde. Alors que cela peut sembler simple, produire et comprendre les mots sont des tâches complexes impliquant de multiples étapes. Lorsque nous voulons dire quelque chose, il nous faut transformer une idée en un « mot » concret, et informer nos cordes vocales comment produire les sons dans un ordre particulier. Pour comprendre un mot, il nous faut segmenter le flux continu de parole en « mots » que l’on connaît. Aujourd’hui, il existe un débat entre chercheurs sur comment ces différentes étapes sont organisées, et à quel point elles sont similaires entre production et compréhension. Dans cet article, nous nous concentrons sur cette question, notamment combien les représentations linguistiques sont partagées entre production et compréhension.Nous commençons par présenter les différentes étapes de traitement impliquées dans chaque comportement langagier. En général, on distingue trois différents niveaux de traitement linguistique : le niveau sémantique (i.e. le sens du mot), le niveau phonologique (i.e. la forme sonore du mot) et le niveau articulatoire ou auditif (i.e. comment les mots sont produits, ou décodés). Pour chaque niveau, il y a différentes façons d’aborder la question des représentations partagées.Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est d’ailleurs fondamental de clarifier les termes « représentation » et « partagé », même s’il est vrai que définir « représentation » est difficile à cause a) des ambiguïtés dans ce que les chercheurs mettent derrière ce mot, et b) des limites techniques actuelles dans ce que nous pouvons mesurer. Pour certains chercheurs, la représentation réfère à une image holistique du mot qui a une « place » concrète dans le cerveau, pour d’autres la représentation est construite « en ligne » pendant la communication, et il pourrait bien s’agir d’une combinaison des deux idées. Sans définition claire, tester dans quelle mesure des représentations sont partagées devient un défi. Une définition stricte d’une représentation partagée mise en jeu dans le cerveau imposerait que les mêmes neurones déchargent pour la même raison, au même moment, dans la production et la compréhension d’un mot. Compte-tenu de l’absence d’une technologie adéquate pour mesurer cela, nous nous reposons sur une autre approche. Notre approche se décline en trois actes : les représentations du mot sont partagées si 1) elles partagent le même décours temporel d’activation selon les différents niveaux de traitement, 2) les mêmes régions cérébrales sont recrutées pour les traitements linguistiques en production et compréhension, et enfin si 3) lorsque la production et la compréhension sont mises en jeu, les deux tâches interfèrent l’une avec l’autre, et que l’on peut associer cette interférence à des niveaux de traitements spécifiques.En lien avec notre première approche, le décours temporel du traitement linguistique, les données empiriques ne sont pas concluantes. La question principale dans ce cadre est de savoir si les différents niveaux linguistiques sont accédés simultanément ou de façon séquentielle, par exemple si le sens du mot est accessible avant les sons du mot, ou si tous ces éléments du mot sont disponibles en même temps. Certaines études ont montré un patron d’activation compatible avec une activation séquentielle des niveaux linguistiques (Dufour et al., 2013 ; Salmelin et al., 1994), mais des études plus récentes, notamment conduites par notre équipe, suggèrent que tous les niveaux de traitement sont activés simultanément de façon précoce. Par exemple, nous avons montré à l’aide de l’EEG que les informations lexicales et phonémiques étaient activées simultanément en production et en compréhension (Fairs et al., 2021). Ces données suggèrent que les représentations sous-tendant la production et la compréhension sont partagées. En lien avec notre deuxième approche, à savoir si les régions cérébrales sous-tendant la production et la compréhension sont les mêmes, encore une fois les données empiriques ne sont pas concluantes. Certains modèles impliquent que différentes aires du cerveau soient impliquées dans la production et la compréhension, les aires temporales seraient impliquées dans les deux activités, mais les aires frontales uniquement en production (Hickok & Poeppel, 2007). D’autres modèles impliquent que les mêmes représentations soient utilisées en production et compréhension et donc que les mêmes régions cérébrales soient activées (Pulvermüller, 1999 ; Strijkers et al. 2017). Dans le cadre d’une étude préenregistrée qui est en cours, Fairs et al. (Fairs et al., 2020) visent à adresser cette question en testant si des aires spécifiques du cerveau connues pour être activées dans le traitement de certaines catégories sémantiques sont actives aussi bien en production qu’en compréhension. Cette étude a le potentiel pour réellement démontrer combien la production et la compréhension du langage sont interconnectées. En lien avec notre troisième approche, nous décrivons un ensemble d’expériences en double-tâche qui ont testé si la production et la compréhension du langage pouvaient être mises en œuvre simultanément, et/ou dans quelle mesure elles interféraient l’une avec l’autre. Fargier et Laganaro (Fargier & Laganaro, 2016 ; 2019) ont montré une interférence lorsque les participants écoutent des syllabes en même temps qu’ils produisent des mots, et notamment souligné que l’étape de l’encodage de la forme sonore des mots était partagée entre production et compréhension. Fairs et collègues (Fairs, 2019) ont observé un plus large chevauchement du traitement entre production et compréhension suggérant que non seulement l’étage d’encodage de la forme du mot, mais d’autres niveaux linguistiques sont partagés entre les deux activités langagières. D’autres études ont cependant suggéré que le système linguistique peut s’adapter de façon flexible de telle sorte que la question n’est plus s’il y a un chevauchement entre les représentations, mais quand ce chevauchement intervient. Dans la section finale de l’article, nous encourageons les approches paradigmatiques actuelles qui visent à étudier les mots en contexte et soulignons quelques-unes des questions qu’il reste à aborder.Les mots sont à la base de nos conversations, et comprendre comment nous créons et maintenons des conversations reste l’un des objectifs ultimes de la recherche en psycholinguistique. Les recherches actuelles dans le domaine de la conversation suggèrent qu’il y a un large chevauchement des processus de production et compréhension chez une personne (Menenti et al., 2011) et entre personnes (Silbert et al., 2014). Néanmoins, il nous apparaît évident que seule davantage de recherches sur les fondations du langage – les mots – nous permettra de savoir comment la production et la compréhension du langage fonctionnent, et combien les représentations et processus impliqués sont partagés entre ces deux activités.
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    • Anglais
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