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Résumé : De ce qui fait l'homme dans cet "homme-livre", Édouard Glissant ne livrera qu'une anecdote. Un souvenir d'enfance, lorsque un jour il est tombé dans la mer, au cours d'un petit naufrage dans la Baie du marin. Ce fut menaçant et splendide, dit-il, en fermant les yeux. Et d'ajouter que sa mère avait toujours tenté d'effacer ce souvenir : "c'est une redoutable destructrice de mythe !" Une histoire à rapprocher de ce qu'il dira ensuite sur les antécédents fondamentaux des Antillais, restés au fond de la mer. Nous sommes à la rencontre de deux plaques, poursuit-il, esquissant une poétique de cette géographie de la Caraïbe. Apparaissant en surimpression sur le rocher du Diamant, s'entretenant avec l'écrivain antillais Patrick Chamoiseau sur un fond sonore de chant de crapauds, Édouard Glissant semble trop pris dans ses éléments pour donner plus. Pudique sur son écriture - "je ne me vois pas écrire un poème d'amour", dit-il simplement - Glissant évoque Mycéa, les théories de la négritude, "ses" écrivains (Faulkner et Saint-John-Perse), les présocratiques.

Résumé : Né au Caire en 1913 et établi en France après la guerre, l'écrivain égyptien francophone Albert Cossery n'a sans doute pas la notoriété de ses compatriotes Andrée Chédid ou Joyce Mansour. S'il a fait l'objet d'un certain nombre d'articles de critique littéraire, il n'existait jusqu'à ce jour aucune monographie à son sujet. Le film adopte la forme d'une longue conversation, dans un décor unique, entre Albert Cossery et Michel Mitrani. Pour rompre la monotonie du champ-contrechamp découvrant un interlocuteur après l'autre, les respirations sont assurées par un lent panoramique, avec de rares plans de coupe qui présentent les livres dont il est question. L'œuvre romanesque, peu abondante (sept livres en soixante ans) est abordée dans sa chronologie, ce qui respecte le fil de l'évolution personnelle et artistique de l'écrivain. La discussion sur chaque ouvrage est introduite par la lecture d'un extrait Ainsi sont évoqués les thèmes les plus marquants de l'œuvre, déjà sous-jacents dans les titres des romans ("Les Hommes oubliés de Dieu", "Mendiants et orgueilleux", "Les Fainéants de la vallée fertile"..), : la ville du Caire et son petit peuple, observé avec une profonde humanité teintée de dérision.

Résumé : Sur l'écrivain né en 1930, Jérôme Prieur, auteur de la collection des "Hommes-Livres", écrivait : « Jude Stéfan est né écrivain la première fois en 1965 : son nom apparut au sommaire des "Cahiers du Sud". Point de départ d'une œuvre qui va, de la poésie à la fiction, en passant par l'essai, le journal, l'autobiographie, tracer un chemin singulier – et unique – dans le champ littéraire. Loin du monde, loin des modes, mais avec une présence, un ton, inimitable et original. (...) Pathétique, étranglé, impertinent, un chant se développe qui ne doit rien au Temps - à notre temps - qu'il tient comme à distance - qu'il renoue avec les sources de la langue, de notre littérature, Louise Labbé, Sponde ou Scève - et qui évoque la flagrante, accablante chiennerie de cette existence, la nôtre. » On retrouve ce ton original et cette présence singulière dans les entretiens menés par Richard Millet pour le film réalisé en juillet 1995 dans sa maison d'Orbec en Normandie.

Résumé : Né en 1913 en Belgique, le poète et romancier Henry Bauchau n'a commencé à écrire qu'après la seconde guerre mondiale. Il publie plusieurs ouvrages de poésie et, en 1966, "La Déchirure". Mais c'est "Œdipe sur la route" (éd. Actes Sud, 1990) puis "Antigone" (1997) qui le font connaître. Il a longtemps vécu en Suisse avant de venir à Paris et c'est dans son appartement parisien que l'entretien est réalisé. Interrogé par Aliette Armel, il parle de sa psychanalyse avec Blanche Reverchon-Jouve, qui l'éveille à la nécessité d'écrire. Avec "La Déchirure", texte autobiographique, il tente de mesurer en quoi ce travail analytique a été fécond pour son œuvre. Mais il rappelle à plusieurs reprises que c'est la poésie qui occupe une place centrale dans son œuvre. Au cours de l'entretien, il revient sur des thèmes abordés dans ses journaux : l'enfance, la mort, le théâtre, l'écriture et le processus par lequel les personnages s'imposent à l'écrivain et grandissent en lui. La lecture d'extraits de "Jour après jour", "Journal" (1983-1989) et du "Journal d'Antigone" (1989-1997) est illustrée de photographies appartenant à la collection privée de l'écrivain.

Résumé : Pierre Michon s'entretient avec Sylvie Blum dans sa maison d'enfance de la Creuse. Une réelle complicité s'est établie entre la réalisatrice et l'écrivain autour d'une commune admiration pour Faulkner, et notamment "Absalon Absalon", un des textes fondateurs pour Pierre Michon qui lui avait permis d'oser entrer dans la langue. Pierre Michon cite aussi Dostoïevski et Victor Hugo "à l'ombre desquels il se place pour se permettre d'écrire". Ces entretiens sont montés comme une sorte d'abécédaire autour de mots proposés par la réalisatrice sur lesquels Pierre Michon réagit et réfléchit à voix haute. Ce "mouvement de la pensée" est accompagné par des images filmées en super 8 de paysages en mouvement également qui forment une trame sur laquelle se pose, en off, la voix de Pierre Michon, avant de le voir apparaître à l'image. L'auteur des "Vies minuscules" (1999), de "Rimbaud le fils" (1991), du "Corps du roi" (2002) nous livre avec sincérité et humour, humilité et orgueil mêlés, les sources de son écriture liées à des éléments autobiographiques.

Résumé : Évocation de Virginia Woolf (1882-1941) à travers les images des lieux et des paysages où elle a vécu et qui sont la respiration même de son œuvre, ponctuée de fragments d'écriture et du portrait de l'écrivain par Gisèle Freund, en 1939 : Saint-Ives, la mer de Cornouailles, la maison de Talland House, des premières années d'enfance ("Instants de vie") ; Londres, "un enchantement", Monk's House, à Rodmell, dans le Sussex, la maison des dernières années qui représente un certain bonheur de vivre. "Est-ce l'âge ou quoi, qui fait de ma vie, ici, solitaire, une longue extase de bonheur ? Je me sens attristée par la paix et les sensations, mais non par les pensées." Film à une voix : Catherine Sellers lit des extraits de "Les Vagues", "Instants de vie", "Le Journal d'un écrivain", "Mrs Dalloway". Le 23 mars 1941, Virginia Woolf se noie dans la rivière Ouse.

Résumé : "Compact", "Circus", "Codex", "Maladie Mélodie", mais aussi "Je ne vais pas bien mais il faut que j'y aille" ou "Qui n'a pas vu Dieu n'a rien vu" sont quelques-uns des titres de l'œuvre singulière de Maurice Roche, qui va jusqu'à mettre en scène la typographie de ses livres. L'obsession de la mort y côtoie l'humour le plus insolent comme le montre l'étrange dialogue entre Maurice Roche et le complice, Jean Paris, venu le faire parler. Son œuvre continue de s'élaborer au prix d'une conception ectraordinairement complexe, méthodique, musicale de la langue, c'est-à-dire polyphonique. "L'un des charmes du style est dans la précision des équivoques" dit Maurice Roche.

Résumé : La vie de Jean Genet est évoquée chronologiquement de 1910, date de sa naissance, à 1943, date à laquelle il prend contact, depuis la prison de la Santé, avec l'éditeur Marc Barbezat pour envisager une édition de "Notre-Dame des Fleurs". Le commentaire qui suit le fil des activités délictueuses ou légales de Jean Genet – l'énoncé scrupuleux de celles-ci a pour effet d’édulcorer celles-là – est interrompu par des interviews de personnes qui l’ont côtoyé enfant, à l’école ou à la colonie pénitentiaire agricole de Mettray, et par la lecture de courts extraits de ses lettres ou de ses œuvres. L’illustration musicale, en fond sonore continu, semble vouloir pallier l’insuffisance des images censées évoquer la fuite, la désertion, le vagabondage (trains, voies ferrées, campagnes désertes). Une interview de Jean Marais rappelant le premier contact entre Cocteau et Genet conclut cette première partie.

Résumé : Seconde partie du document consacré à Jean Genet (Jean Genet, le vagabond : 1910-1943), selon le même principe chronologique adopté pour la première. De nombreuses interventions composent cette évocation de l’écrivain et de l’homme : Jacques Derrida, Bertrand Poirot-Delpech, Roger Stéphane, Edmund White, Pierre Boulez, Roland Dumas, Jean-Louis Barrault. On retient particulièrement les propos d’Angela Davis rappelant l’engagement de Genet aux côtés des Black Panthers dans les années 70, et ceux de Maria Casarès, centrés sur les pièces de théâtre qu’elle a interprétées à plusieurs reprises ("Les Bonnes", "Les Nègres", "Le Balcon", "Les Paravents"). Plusieurs documents donnent la parole à Genet.

Résumé : Michel Mitrani, qui avait adapté "Un balcon en forêt", se faisait fort d'obtenir de Julien Gracq, pour la série "Un siècle d’écrivains", un entretien filmé, dans sa maison de Saint-Florent-le-Vieil, en Vendée angevine. Mais si Julien Gracq n'aimait pas les honneurs, les décorations, les prix littéraires (ses œuvres ont reçu la consécration de deux volumes de la Pléïade, mais il n'est pas entré à l'Académie française), il n'aimait pas non plus les caméras de télévision. C'est donc un entretien sonore qui sert de fil conducteur à ce portrait de Louis Poirier, professeur d'histoire et de géographie, né en 1910, qui a choisi en 1939 pour publier "Au château d'Argol", le pseudonyme de Julien Gracq, « un nom rapeux, qui heurte un peu l'oreille ». Dans cet entretien, le dialogue est très libre (on entend les questions posées par le réalisateur). Il laisse percer les agacements de Julien Gracq, « ses vives préférences » et ses «refus également vifs » (Henri Thomas). Le réalisateur illustre cet entretien par les paysages de Vendée, où l'eau est presque toujours présente. D’autres archives sonores, extraites de pièces de théâtre ou d'entretiens radiophoniques donnés précédemment par Julien Gracq, sont montées dans le film. Un commentaire du réalisateur s'ajoute à l'ensemble. Le portrait de Julien Gracq était sans doute beaucoup plus difficile à réaliser que d'autres dans cette série car « les accidents de la biographie n'ont pas d'influence sur l'œuvre ».On retiendra toutefois la lecture par Julien Gracq d'extraits des "Carnets du Grand Chemin" (1992), de "Lettrines 2" (1974), de "La Forme d'une Ville" (1985), "Des Eaux Etroites" (1976), avec cette voix un peu rapeuse, sans lyrisme inutile. Une voix sans affectation, et qui, privée de l'image du visage, devient encore plus vivante, encore plus charnelle.

Résumé : Portrait réalisé à partir des nombreuses émissions télévisées auxquelles Roger Caillois a participé, notamment celle d’un entretien avec Jean-José Marchand, filmé chez lui, en 1971, pour les "Archives du XXème siècle". Cet entretien est complété par les témoignages de Jean d’Ormesson, d’Hector Bianciotti et d’André Thirion qui a appartenu au groupe surréaliste. Ce film, dans lequel l’écrivain est très présent, décrit son itinéraire complexe en évoquant successivement ses années d’enfance, son adhésion puis sa rupture d'avec le surréalisme, son séjour en Amérique latine pendant la Seconde Guerre mondiale et durant lequel il renoue avec la poésie. Des images tournées en prise de vues réelles, des films d’archives et des photographies évoquent les lieux, les paysages attachés à des moments particulièrement importants de la vie de Roger Caillois ainsi que les pierres, les minéraux et les cristaux qu’il a toujours passionnément observés et collectionnés.

Résumé : Portrait d’un écrivain qui a la particularité d’être invisible, absent : n’ayant jamais accordé un entretien, il s’est retiré depuis vingt-cinq ans dans une solitude totale. Il n’a livré de lui-même aucune image. L’homme s’est complètement effacé derrière son œuvre. Pourtant son retrait de la scène littéraire et médiatique s’est accompagné paradoxalement d’un engagement politique continu. « Un écrivain qui n’a cessé de s’effacer derrière une œuvre elle-même sous le signe de l’effacement, et, pourtant, depuis les années 30, ce même homme s’est sans arrêt impliqué dans la vie politique et intellectuelle, devenant au fil des décennies ce « partenaire invisible » dont l’éloignement et l’absence n’ont jamais signifié la désertion ni le silence. » (Antoine de Gaudemar) Christophe Bident, présent à l’écran, commente des images d’archives évoquant les épisodes de la vie politique, depuis la collaboration de Maurice Blanchot avec l’extrême-droite, de 1931 à 1944 : son silence de 1949 à 1957, sa réapparition aux côtés de Dionys Mascolo avec le Manifeste des 121 en 1958 (la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie) et son soutien aux étudiants en mai 1968. Sur l'œuvre littéraire, Hugo Santiago a recueilli les témoignages de Daniel Dobbels, de Michel Surya, de Giorgio Agamben, de Roger Laporte, de Maurice Nadeau, de Jacques Derrida, de Jean-Luc Nancy, complétés par celui d’Emmanuel Levinas, filmé en 1988. La conclusion est laissée à Louis-René Des Forêts, dans un émouvant discours prononcé le 22 septembre 1997 lors d’une soirée d’hommage organisée à la Maison des écrivains à l’occasion des 90 ans de Maurice Blanchot.

Résumé : "S'approcher de Cocteau par l'effet de surface qu'il donne, affiche, entretient même, dans ses relations avec ses contemporains, avec ses proches aussi, plongé dans le tourbillon des mondanités, des élégances puis briser cette surface, faire entrevoir la profondeur, l'abîme, l'homme seul" : le réalisateur manifeste dans sa note d'intention sa volonté d'aller contre la réputation de superficialité attachée à Jean Cocteau, en mettant en œuvre une dialectique de la surface et de la profondeur dans le portrait qu'il prévoit de réaliser.À partir d'une riche iconographie composée de photos, dessins et peintures, d'une sélection pertinente dans les nombreuses archives cinématographiques, télévisuelles et sonores consacrées à Cocteau, des répétitions d'une pièce de théâtre, de prises de vue réelles, et en recourant à la palette graphique qui recrée la vivacité du trait de l'artiste, dont on voit les dessins apparaître progressivement à l'écran, Jean-Paul Fargier propose un portrait vivant dont le commentaire, à la première personne, dit par Daniel Mesguich, est composé d'extraits du Journal, "Le Passé défini", et de morceaux choisis dans la collection de portraits que Cocteau n'a cessé de tracer de tous ses amis et relations.Le film évoque bien l'artiste foisonnant, ses rencontres capitales et témoigne de sa prodigieuse créativité, mais il rend compte aussi de ses interrogations intimes sur la mort, la religion, l'homosexualité, les rêves, le cinéma.

Résumé : Considéré comme le père de la nouvelle bande dessinée américaine, Art Spiegelman réalisa d'abord un "roman graphique" de 300 pages "Maus" qui connut un immense succès. Il y raconte l'histoire de ses parents, Juifs polonais rescapés du camp d' Auschwitz, en construisant son récit à partir d'interviews de son père. Dans "Maus", il révèle les possibilités documentaires et narratives de la bande dessinée. Puis, pendant dix-ans, il réalisera des dessins pour le "New Yorker". Témoin des évènements tragiques du "11 septembre" à New-York, traumatisé, il réagit en se remettant à composer une nouvelle bande dessinée : "A l'ombre des tours mortes".Le film montre des extraits de ces deux oeuvres tandis que Art Spiegelman explique ses motivations personnelles. Dans son atelier, devant son ordinateur et sa table de dessin, il présente ses techniques de travail où il combine le graphisme traditionnel et les nouvelles technologies. Enfin, il conclut en évoquant le nouveau statut de la bande dessinée américaine qui amènerait le lecteur potentiel à la littérature.

Résumé : Portrait de l'un des auteurs majeurs de la bande dessinée française, Fred, né en 1911. Celui-ci explique comment il procède dans son travail en s'inspirant de personnes de son entourage. Pour lui, le dessin reste au service d'un texte et la BD doit être non seulement drôle mais aussi mélodramatique.

Résumé : L'aventure de "Lecture pour tous" de Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes, première émission littéraire de la télévision française, a duré une quinzaine d'années de 1953 à 1968. Cette émission hebdomadaire consistait en un entretien entre Pierre Dumayet et un écrivain, puis un entretien entre Pierre Desgraupes et un écrivain, enfin une chronique de Max-Pol Fouchet sur ses lectures. Robert Bober a sélectionné une trentaine d'émissions (magnifiques archives de l'Institut national de l'Audiovisuel) puis a filmé pendant une heure et demie Pierre Dumayet les regardant et y réagissant, une caméra face à lui, une autre derrière lui. On (re)découvre ainsi avec intérêt et parfois ravissement, ses entretiens avec Jules Supervielle (1955), Raymond Queneau (1957), François Mauriac (1959), André Schwarz-Bart (1959), Bernard Privat (1956), Max-Pol Fouchet (1967), Nicole Vedrès (1965), Roger Vailland (1957, 1960 et 1963), le passionnant entretien de Pierre Desgraupes avec Henry Miller (1959), et enfin, la bouleversante mise en abyme par laquelle Robert Bober termine son film : Dumayet se regardant, en 2003, regarder avec Marguerite Duras à Trouville, en 1991, leur "Lecture pour tous" de 1964.

Résumé : "L’aventure de "Lectures pour tous" a duré 15 ans, de 1953 à 1968. C’était le temps des rencontres, du dialogue, de l’écoute. Puis, en 1968, un jeune noir américain, devenu aujourd’hui un professeur prestigieux, dit à Pierre Dumayet : "Madame de Rénal est une blanche, Julien Sorel est un noir", lui révélant ainsi la liberté du lecteur, la liberté de la lecture. La question de la lecture lui a alors paru plus importante que la question du livre. Il s’est dit : "Il faut savoir – et montrer – comment les livres sont lus." D’où l’idée de donner à lire le même livre à cinq ou six personnages. Les lecteurs s’appropriaient le livre, chacun à sa façon. Rencontrer un personnage dans un livre, c’est un peu comme rencontrer quelqu’un dans la vie. Avec "Lectures pour tous", Dumayet écoutait celui qui avait écrit. Avec "Lire c’est vivre", il écoutait celui qui avait lu." précise Robert Bober en préambule. Grâce à la sélection du réalisateur, nous revoyons de longs extraits de l'émission, de 1975 à 1984. Des lecteurs s'entretiennent avec Pierre Dumayet au sujet de : L'assomoir de Emile Zola, Mes amis de Emmanuel Bove, Le voyage dans les ténèbres de Jean Rhys, Madame Bovary de Gustave Flaubert. On admire toujours la délicatesse avec laquelle Dumayet interroge, à propos des passages qu'ils ont soulignés au cours de leur lecture, des gens aussi différents qu'un couvreur - zingueur, des blanchisseuses, des agricultrices ou encore un ancien PDG.

Résumé : L'écrivain d'origine suisse romande Philippe Jaccottet s'entretient avec Jacques Laurans dans sa maison de Haute-Provence où il s'est établi depuis 1953. Il parle de la poésie, qu'il considère comme "le langage le plus vrai sur l'essentiel", qui doit "éclairer la réalité", conception qu'il a approfondie à la lecture des œuvres de Rilke, Roud, Artaud et des écrivains rassemblés autour de la revue "84". Il cite aussi Hölderlin, qui s'est de plus en plus rapproché de la réalité pour y chercher les traces du sacré. Philippe Jaccottet témoigne également de son admiration pour les auteurs de haïku, capables d'éclairer les faits les plus ordinaires d'une lumière essentielle, atteignant par là à ce que la poésie offre de plus pur. Il évoque enfin le thème de l'innocence dans "L'Idiot", l'une des œuvres dont il s'est le plus nourri. Extraits de : "L'Ignorant", "Une transaction secrète", La Promenade sous les arbres", À travers un verger", "À la lumière d'hiver", "Cahier de verdure".

Résumé : Jean Starobinski, essayiste et écrivain, critique, historien de l’art et des idées, s’entretient avec l’universitaire Jean-Claude Bonnet. Il nous accueille chez lui, dans son appartement de Genève, ville où il est né en 1920 et où il a suivi des études de médecine avant de se consacrer à l’écriture. « Un film, écrit le réalisateur, sur un homme qui nous parle, dans son lieu où il vit avec sa femme, depuis de longues années. Rien d’autre ou presque. Cet homme est un écrivain qui a la particularité de n’être pas lui-même, tout à fait certain d’être écrivain, puisqu’il ne cesse d’écrire sur les autres (et quels autres: Montaigne, Montesquieu, Rousseau, Diderot !), de puiser dans leurs œuvres la matière de ses propres ouvrages. » Des extraits de ses principaux textes sont lus au cours du film: Montaigne en mouvement, La Relation critique, Montesquieu, Portrait de l’artiste en saltimbanque.

Résumé : «Ce film est constitué des récits de plusieurs personnes ayant vécu cette expérience : un bouleversement de leur être par la lecture d'un livre, «A la recherche du temps perdu», de Marcel Proust. Pour eux, comme pour tant d'autres à travers le monde, l'œuvre de Proust possède l'éclat et la valeur d'un horizon intime : ce vers quoi l'on désire toujours revenir... Il a donc fallu commencer par dire cela, qui peut tenir une si grande place dans notre vie mais qu'on échoue à formuler : son admiration. Puis au cours de ces entretiens et ensuite au montage, à travers les dialogues qui s'établissaient entre ces multiples récits de lecture, nous avons essayé de cerner quelques uns des principes actifs de cette œuvre.» (Thierry Thomas)

Résumé : Montages d'archives sonores et d'archives filmées, d'extraits de films ("Le Testament d'Orphée", "La Villa Santo Sospir", "La Belle et la Bête"," Le Sang d'un poète"), à la quête de Jean Cocteau, du poète, du peintre, de l'homme de théâtre et de cinéma, du baladin à la fois public et secret. Diaghilev, Nijinsky, Stravinsky, Picasso, Erik Satie, Jean Renoir, Coco Chanel, Jean Marais, Yul Brynner, Daniel Gélin, Radiguet, la galerie de portraits des fidèles amis et compagnons de route ; l'exposition des dessins et fresques murales : l'énorme travail du montage d'Edgardo Cozarinsky vise moins à montrer les multiples faces de la personnalité de Jean Cocteau qu'à trouver par synthèse et réduction, un dénominateur commun, une expression commune, qui correspondrait au personnage mystérieux, à la force mystérieuse qui, selon Cocteau, habite le poète quand il écrit. Ce faisant, Edgardo Cozarinsky reprend à son compte le propos de Jean Cocteau lorsqu'il réalise "La villa Santo Sospir" : "Ce film sera une espèce d'ombre chinoise de ma vie... J'ai décidé de m'enfoncer en moi-même, dans ce trou terrible". Cozarinsky fait le pari que cette vérité de l'homme se trouve non pas dans une extension infinie de l'enregistrement audiovisuel, dans un défilement continu du film, mais entre les images déjà filmées, entre les paroles déjà enregistrées, entre les dessins, les peintures et les extraits de films, entre les souvenirs, qu'il suffit de rapprocher. Dans le dédale de cette vie extrêmement riche, Jean Cocteau nous guide, entre le rêve et la réalité, comme à travers un labyrinthe de glaces aux miroirs anamorphosants et brisés... D'un miroir à l'autre, il nous ouvre littéralement les portes de son monde, un monde entièrement redessiné et recomposé par lui, dont peintures, films et mythologie fixent les règles et les proportions.

Résumé : Entretiens de Georges Borgeaud, écrivain suisse de langue française (1914-1998), avec Frédéric Wandelère, filmés en juin 1992, dans sa maison de vacances du Lot. À l'origine, le nom du père : « je voudrais m'appeler comme mon père... le nom de ma mère ne me suffisait pas... mes initiales sont les mêmes que celles de ma mère. » À la lettre donc, il se heurte au mystère de sa naissance. Et avec l'écriture, avec sa signature sans doute, il se conçoit lui-même, se fait naître. Se crée une famille, un monde. « Je n'aurais pas existé s'il n'y avait pas eu l'écriture. » Son interlocuteur lui fait remarquer un frère perdu qu'on retrouve dans deux romans : «Tiens, dit-il perplexe, je ne l'avais jamais remarqué.» Leur discussion le trouble. « Vous me demandez des choses... je ne suis pas sûr d'en donner l'explication psychique. » À la fin de la rencontre, on en sait un peu plus sur la naissance d'un écrivain.

Résumé : Poète, auteur de courts récits dans une langue concise, traducteur ("Le Coran", "La Genèse", Eschyle, Sophocle...), Jean Grosjean, né en 1912, voyageur au Proche-Orient, prêtre, co-directeur de la NRF, ami de Malraux, a mené une vie hors de toutes les modes, de tous les sentiers. Il a tenté de réinterpréter, de l'intérieur, les textes fondateurs de notre culture.Ce film est le portrait d'un homme plus que discret, dont l'attitude est faite d'ironie légère, de distance imperceptible, d'hésitations, d'ignorance avouée. Interrogé, il ne dispense pas de leçons, il ne cherche pas à montrer une image parfaitement dessinée et cohérente de lui-même : sans emphase, sans ostentation, il se soustrait en souriant aux catégories qui pourraient le définir ou le limiter.Entretien mené par Olivier -Germain Thomas.

Résumé : "Je suis maintenant un vieil homme et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée", disait Claude Simon dans son "Discours de Stockholm", en décembre 1985. Révolution espagnole, Seconde Guerre mondiale, camps de prisonniers, évasion, maladies, voyages : de ces composantes, brièvement évoquées, d'une vie "assez mouvementée", le prix Nobel de littérature se refusait à tirer d'autre conclusion que celle-ci : "Je n'ai encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela. Comme on voit, je n'ai rien à dire, au sens sartrien de cette expression."Filmer trois journées d'entretiens avec Claude Simon, dans sa maison de Salses, doit tenir compte de cette donnée fondamentale : l'écrivain n'a "rien à dire". C'est cet homme "découvrant à tâtons le monde dans et par l'écriture" dont le film fait le portrait, cet explorateur "d'un paysage inépuisable", passant et repassant, comme la ligne en boucle de l'entrelacs, par des points qui sont autant de carrefours de l'œuvre : le cheval mort de La route des Flandres, les cartes postales d'Histoire, les archives familiales des "Géorgiques". Ces images, ces mots, ces objets, qui sont les matériaux des livres : les "corps conducteurs" du courant qui circule dans l'œuvre ; et les seuls repères du voyageur aveugle." (Marianne Alphant et Roland Allard).

Résumé : La Révolution russe pousse la famille Nabokov à s'exiler à Berlin. Puis, l’arrivée au pouvoir de Hitler contraint Vladimir Nabokov à une seconde émigration : il choisira les États-Unis. Là, le succès international de "Lolita" lui procure une aisance financière qui lui permettra de regagner l’Europe et de s’installer en Suisse, à Montreux, qu'il ne quittera plus. Les liens entre sa vie et son œuvre sont complexes. La réalisatrice tente de découvrir ce qui unit d'une part, l’auteur prétendûment "scandaleux", et, d'autre part, l’homme passionné par le jeu et par les papillons (sa collection, comprenant plus de 4000 espèces, a été léguée au Museum de Lausanne). La participation active de Brian Boyd, biographe de Vladimir Nabokov, donne quelques clefs sur les différentes facettes de l'auteur. De nombreux témoignages sont sollicités notamment celui de la sœur de Nabokov, Elena Sikorski, unique témoin vivant de la période de jeunesse, mais également celui de son fils, Dmitri, de plusieurs amis (Alfred Appel, Alison Jolly), ou de spécialistes, comme l’entomologiste Kurt Johnson. Le commentaire est abondamment illustré d'archives cinématographiques et de nombreux documents privés. Sont lus également des extraits de : "Lolita", "Autres rivages", "Feu pâle", "Le Don", "Ada ou l’ardeur", "Regarde regarde les Arlequins", "Intransigeances".

Résumé : Portrait de Jean-Marie Gustave Le Clézio dont l'intérêt réside principalement dans les différents entretiens qui furent filmés à Nice, ville natale de l'écrivain, et au Mexique. Ces entretiens sont montés de façon classique, avec des photographies, des archives filmées (notamment des extraits de "Lectures pour tous", de Pierre Dumayet, en 1963), un commentaire biographique et des extraits de livres, lus en voix off par Dominique Blanc et Stéphane Freiss.

Résumé : Intéressant portrait de l'écrivain d'origine hongroise et de langue anglaise Arthur Koestler, auteur notamment du célèbre "Zéro et l'Infini" (1941) sur les procès de Moscou, qui lui valut une immense notoriété en Europe et aux États-Unis. Avec des partis pris de réalisation pertinents et une iconographie très riche, le film apporte un point de vue éclairant sur la biographie de Koestler, dont l'œuvre s'écarte peu. Le commentaire de Phil Cazoar est remarquable ; le film contient également de larges extraits de l'entretien réalisé en 1971 par Claude Ventura et Quentin Ritzen, dans la série "Un certain regard".

Résumé : Portrait de celui qui a été, des années 20 jusqu'à sa mort, « l’éminence grise de la NRF », l’éditeur, le correspondant, le critique et parfois l'ami des écrivains publiés alors chez Gallimard : André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, Henri Michaux, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Jacques Audiberti, Francis Ponge, ... Écrivain lui-même, auteur d’une œuvre d’une ampleur insoupçonnée de son vivant (cinq tomes publiés de 1966 à 1970), Jean Paulhan était, semble-t-il, un personnage déconcertant : « Ceux qui ont rencontré Paulhan disent leur fascination pour le personnage, le contraste entre sa carrure d'athlète et sa voix toute fragile, sa brusquerie déconcertante, son goût du jeu comme du danger, ses calculs, ses feintes, ses volte-face, son ambiguïté perpétuelle, son sens de la contradiction et son esprit d’escalier. » Plusieurs témoignages, ceux de Jacqueline Paulhan, sa belle-fille, de Christian Liger, d’André Berne Joffroy, de Roger Judrin, de Pierre Oster, de Jean-Claude Zylberstein, de Michel Cournot, de Claude Tchou, tous filmés dans les arènes de Lutèce, à côté de la maison de Jean Paulhan, évoquent la vie et l’œuvre de cette personnalité indéfinissable. Le commentaire est écrit et dit par Jérôme Prieur, qui a retrouvé, avec de nombreuses autres archives photographiques et télévisées, un entretien inédit, filmé en 1966, où Jean Paulhan est interrogé par Marguerite Duras. Extraits de : "Braque le patron", "Le Bonheur dans l’esclavage" (préface à "Histoire d’O"), "Mort de Groethuysen à Luxembourg", "La Vie est pleine de choses redoutables", "Les Fleurs de Tarbes", "Lettre aux Directeurs de la Résistance", "Le Clair et l’obscur".

Résumé : Linguiste, psychanalyste, critique et romancière, Julia Kristeva, depuis son arrivée en France en 1965, s'est imposée par ses écrits, sa pratique, son enseignement et ses prises de position dans le champ théorique et social. Face à l'impossibilité de cerner dans un film la diversité et la richesse de cette œuvre et de cette personnalité, François Caillat a centré ses entretiens avec Julia Kristeva autour d'une ligne directrice, une formule : "Nous sommes toujours hors de nous-mêmes", qui se décline en "nous sommes des étrangers"; "nous venons du continent secret du langage"; "nous n'avons pas de centre". La problématique de l'origine et de l'exil traverse ce film car la question de l'étranger est une réflexion que Kristeva poursuit et reformule sans cesse. La langue et l'archaïsme qui se trouve au fondement de la parole sont aussi un dénominateur commun aux disciplines qu'elle a pratiquées. Julia Kristeva fait corps avec sa pensée et sa parole capte l'attention du spectateur, constamment en éveil. Les entretiens sont filmés à Paris, en Bulgarie où elle a vécu jusqu'en 1965 et dans sa maison de l'île de Ré, où apparaît Philippe Sollers.

Résumé : Entretiens menés par Jacques Roger avec Ernst Mayr, ornithologue et biologiste américain, au cours desquels il évoque son enfance en Allemagne, sa formation, son itinéraire intellectuel et scientifique. Il explique comment ses études en ornithologie, ses expéditions en Nouvelle-Guinée et aux îles Solomon l'ont préparé à ses travaux sur l'évolution et l'étude de la spéciation. Né le 5 juillet 1904 à Kempten au sud-ouest de la Bavière près du Lac de Constance, Ernst Mayr intégra le Museum d'histoire naturelle de New York en 1931, devint professeur à Harvard en 1953 puis directeur du Museum de zoologie comparative. Considéré comme l'un des architectes de la Théorie synthétique de l'évolution (néodarwinisme), il publia de nombreux livres et articles dont "Qu'est-ce que la biologie ?" en 1998. Il aura traversé un siècle de combats scientifiques, des débuts de la génétique à l'avènement de la biologie moléculaire. Il est mort à Bedford, Massachussetts le 3 février 2005.

Résumé : L'œuvre publiée de Louis-René Des Forêts est rare, romans et récits essentiellement, fragments, manuscrits détruits ou inédits, dont seuls quelques extraits, parus en revues, sont la part visible. Écrivain secret, hanté par la question du langage et, à ce titre, extrêmement réticent à parler publiquement de son œuvre, Louis-René Des Forêts a accepté de rompre son "vœu de silence". Aussi, ce film, le seul auquel il a accepté de participer, constitue-t-il un document important. Mais ce portrait ne livre pas seulement un témoignage du point de vue de la littérature, du rapport thématique au silence, de la passion pour la musique. Cette rencontre révèle une part de l'autobiographie de l'écrivain. L'écriture d'"Ostinato", au caractère fragmentaire voulu comme "des espèces d'épiphanies", traduit par la langue des moments de vie et exclut par sa nature même la perspective d'un aboutissement. La visite chez l'écrivain, menée par Benoît Jacquot et Jean-Benoît Puech, n'est pas sans air de parenté avec la forme et l'univers mêmes des récits de l'auteur du "Bavard" et de "La Chambre des enfants". "La caméra ne se permet aucune divagation. Mais dans son usage retenu, concentré, elle fait du moindre détail, un événement..." (Marianne Alphant, "Libération", 1988).

Résumé : La réalisatrice a véritablement su établir une relation confiante avec Françoise Sagan, dont François Mauriac soulignait, lors de la parution de "Bonjour Tristesse", en 1954, le mérite littéraire indiscutable. Un montage d’archives filmées, commenté par Sagan elle-même, évoque la légende : nuits blanches à Saint-Tropez et à Saint-Germain-des Prés, l’alcool, les copains, le casino, la célébrité, l’argent vite gagné et encore plus vite dépensé. D'autres entretiens ont lieu dans le Lot, à Cajarc, pays de ses racines et de son enfance, où elle retourne souvent, et dans sa maison de Honfleur. Elle parle de sa passion pour la vitesse, le jeu, du théâtre, du cinéma et de ses rencontres essentielles : Billie Holiday, Tennessee Williams, Carson Mac Cullers, Ava Gardner, Orson Welles, Jean-Paul Sartre, Mouloudji. Des extraits de "Bonjour Tristesse", "Et toute ma sympathie", "La Chamade", "Répliques", "Avec mon meilleur souvenir" sont dits par Jeanne Moreau.

Résumé : Le film est construit sur la voix d’Audiberti dans ses entretiens avec Georges Charbonnier (1962) et à partir de nombreux textes d’Audiberti lus par le comédien Bruno Raffaelli sur la scène du théâtre de La Huchette. Plusieurs témoignages complètent ce riche portrait du poète, du prosateur, de l'auteur de théâtre, du « critique » de cinéma : ceux de Yann Queffelec, de Georges Vitaly, de Jacques Baratier, de Marcel Maréchal, et, en archives, ceux de Jean Paulhan, de Gaston Bachelard et de François Truffaut. Le film donne envie de se replonger dans l’œuvre ou de la découvrir. Extraits notamment de : "Race des Hommes", "Cent jours", "Les Tombeaux ferment mal", "Dimanche m’attend", "Ange aux entrailles", "Monorail", "La Nâ", "Audiberti/Paulhan", "Toujours", "Des tonnes de semence", "Rempart", "J'ai fini ma semaine".

Résumé : Romain Gary fut un personnage aux multiples facettes : romancier, diplomate, résistant,... « Si nous avons préféré opter pour la quête plutôt que pour l’enquête, écrivaient les auteurs du film dans une note d’intention, c’est par conviction profonde qu’il n’y a, à propos de sa vie et de son œuvre, aucune certitude possible, aucune vérité énonçable. Enquête implique, dans le vocabulaire policier, d’avoir pour objectif la résolution d’une énigme. Celle de Gary, de sa vie d’ouragan, de ses multiples visages, de son histoire perpétuellement faussée et réécrite, ne trouvera certainement pas sa réponse en 45 minutes. » Les témoignages de Tsvetan Todorov, philosophe et écrivain, Nancy Huston, écrivain, auteur du "Tombeau de Gary", Robert Gallimard, son éditeur et complice, François Bondy, écrivain et journaliste, son ami d’enfance, Fabrice Larat, auteur d’une thèse de doctorat sur Romain Gary, Jack Beck, journaliste et Odette de Benedectis, qui fut secrétaire de Romain Gary à Los Angeles, sont confrontés aux paroles de l’écrivain lui-même dans les nombreuses interviews qu’il a données. Cette quête « épouse l’interminable voyage qu’est la vie Romain Gary », avec comme élément unificateur de ce périple, la question centrale de l’identité pour un homme qui n’a cessé de superposer les visages et les noms.

Résumé : Carlos Fuentes relate sa formation d'écrivain, les influences littéraires et culturelles, les rencontres qui l'ont marqué ainsi que les relations qu'il a entretenues avec d'autres écrivains contemporains, notamment latino-américains. Il parle de sa vision de l'Europe, et surtout de Paris, où il a été ambassadeur du Mexique dans les années 70, et où il a séjourné à de nombreuses reprises. Il évoque également sa vie actuelle, partagée entre le Mexique, l'Angleterre et les États-Unis. Guy Scarpetta interroge l'écrivain sur sa conception romanesque, profondément ancrée dans la réalité mexicaine. Fuentes apparaît comme une sorte de "grande conscience" du monde latino-américain, dessinant une figure originale et inédite de l'intellectuel. Ses romans comportent souvent une dimension politique explicite, mais il ne se conçoit pas comme un écrivain "engagé" car, pour lui, la littérature n'a pas à se subordonner à une vérité extérieure, ni à se soumettre à la discipline d'un combat militant. Avec la participation de Juan Goytisolo.

Résumé : Thierry Thomas propose une lecture originale de la première partie de la "Divine Comédie" de Dante, faite d'entretiens avec des lecteurs, amateurs de l'œuvre, et d'un parcours au sein d'une iconographie abondante. Celle-ci, inspirée de nombreuses gravures, peintures, sculptures (Giotto, Boticelli, Blake, Delacroix, Doré, Rodin...) est mise en scène et animée dans un décor créé en trois dimensions. L'ambition de ce film est à la fois de transmettre la beauté du poème et de comprendre ses résonances dans la vie des hommes, aujourd'hui et au cours des siècles. Le réalisateur, suivant l'ordre du poème, dans les pas de Dante et de Virgile, nous décrit l'univers fantastique de l'Enfer, cercle près cercle, jusqu'au neuvième et dernier, tandis que Jacqueline Risset, traductrice de la "Divine Comédie" en français, livre ses précieux commentaires, aux côtés d'une dizaine d'historiens ou d'érudits qui apportent des clés indispensables à la compréhension de cette œuvre. Celle-ci reflète les débats politiques et religieux de l'époque où elle fut composée, mais sa lecture nous saisit encore puissamment aujourd'hui : une part des entretiens, la plus intime, est constituée de l'évocation d'images-souvenirs que suscitent les mots du poème.

Résumé : Né en 1916, Maurice Chappaz est, avec Ramuz, l'une grande figure de la littérature suisse. Il s'entretient ici avec Jérôme Meizoz dans sa maison familiale valaisienne de Châble, où il s'est retiré en 1979 après la mort de sa femme, l'écrivain Corinna Bille. Le réalisateur suggère dans ce film une tension entre l'enracinement et le vagabondage. Le lieu naturel de la vie de l'écrivain, l'Abbaye, est la chambre d'écho d'un autoportrait indirect. Maurice Chappaz, au milieu de ses livres, parle de l'écriture, de la poésie, des mots qu'il choisit ou qu'il invente, de ses lectures, mais aussi de sa passion pour la nature, la marche, les randonnées. Les moments importants de sa vie sont évoqués par des photographies issues de sa collection. Des extraits de l'œuvre sont lus par Jérôme Meizoz en voix off ou par l'écrivain lui-même. Sont cités : "À rire ou à en mourir", "Le Testament du Haut Rhône", "La Haute Route", "Le Livre de C.", "Les Maquereaux des cimes blanches".

Résumé : "C'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en écrivant qu'on devient écriveron". Après cet inaugural proverbe quenellien, Dumayet expédie la biographie obligatoire — cahier des charges oblige — en deux minutes de montage photo enlevé sur un commentaire lacunaire jouant de l'œuvre ouverte par Queneau — entre deux guerres, son mariage et sa propre mort — œuvre dont il va être question dans la suite du film. Nous voici invités, en compagnie de Jacques Roubaud, compagnon de Queneau en l'Oulipo (Ouvroir de Littérature potentielle), à lire la vie de Queneau comme celle de ses personnages, art de la langue parlée écrite, art d'inventer des questions auxquelles tout le monde se fait un plaisir de répondre à côté, l'auteur le premier, par le calembour notamment qui permet de ne pas prendre les mots au mot mais de leur faire prendre la tangente. Le film est une lecture à la Queneau de Queneau. Y joue à plein, tout en déliés, l'affinité humoristique de Dumayet avec Queneau, qu'il interviewa par trois fois ("Zazie dans le métro", "Les Fleurs bleues", "Le Chien à la mandoline") à Lectures pour tous, régal ! Dumayet et Bober nous entraînent à la lecture des signes de vie et des livres de Queneau comme à un parcours énigmatique avec jeu de correspondances insolites ou amusantes : des signes se répondent qui balisent les histoires de Queneau et dont l'histoire de Raymond Queneau fut balisée.

Résumé : Gérald Caillat met en images les travaux de Pierre Legendre, aux confins de la philosophie, de la psychanalyse et de l'histoire du droit. "La Fabrique de l'homme occidental" est une vaste réflexion sur la façon dont se constitue le sujet humain, sur les institutions qui le forment : la religion, le pouvoir, la science, le management, la justice. Le texte de Pierre Legendre est édité aux éditions Arte/Mille et une nuits.

Résumé : La collection des « Hommes-Livres » est fondée sur le principe d’un long entretien, d’une rencontre avec un écrivain, l’interlocuteur choisi étant un familier de l’œuvre, personne de confiance et amie. Cette fois, avec Michel Butor, la rencontre n’a pas eu lieu, l’écrivain ayant refusé de se prêter au jeu de l’entretien. Confronté à ce refus, le réalisateur a dû inventer une mise en scène et une structure du film inspirée des principales figures stylistiques de l’auteur, suggérant « un univers fondé sur la fragmentation, la répétition et la modification ». Michel Butor est mis en scène, tandis qu’il répond à des questions préparées et que son regard ne croise jamais celui du spectateur, et le questionnement parallèle de Mireille Calle-Gruber, universitaire, auteur de plusieurs livres sur le « nouveau roman », est également mis en scène. Le film permet tout de même d’entendre la voix de Michel Butor, qui est sans doute le meilleur « lecteur » de ses textes.

Résumé : Réalisé à l'occasion de l'exposition organisée par le Centre Pompidou du 22 avril au 26 août 1991, ce portrait se compose d'entretiens radiophoniques enregistrés par André Parinaud avec André Breton en 1952, tout en bénéficiant des œuvres et des documents rassemblés pour l'exposition. Les réalisateurs ont également utilisé des images d'archives (Ina, 1960-1982) et des extraits de films : "L'Âge d'or" de Luis Buñuel et Salvador Dali (1930), "Le Surréalisme" de Robert Benayoun et Pierre Braunberger (1964), "Paris la belle" de Pierre Prévert (1928).

Résumé : Le film comporte deux parties : "Israël à l'avant-scène" (53 min) suivi de "Un média pour deux peuples" (53 min). Il s'appuie sur des extraits des Actualités françaises, 1948-1949 et 1956, des images d'archives de journaux télévisés (Ortf, TF1, Antenne 2, France 2, FR3) de 1967 à 2002, et sur des extraits de magazines (Cinq colonnes à la Une, 1967 et 1968). Jérôme Bourdon et Antonio Wagner les ont rassemblées pour raconter non pas l'histoire du conflit israélo-palestinien mais celle du regard que le journalisme télévisé a porté sur le sujet. Les images d'archives sont extraites des collections de l'Ina.

Résumé : Diffusé en 2009 sur France 3 à une heure très tardive, Télescopie a, en neuf numéros, rendu hommage à la création télévisuelle des années soixante aux années 90 en proposant une sélection des magazines les plus représentatifs. Dans le DVD 1 : "Merci Bernard", de 1982 à 1984, une émission d'humour créée, écrite et réalisée par Jean-Michel Ribes accompagné de Roland Topor, Gébé, Cavanna ou Pierre Desproges pour l'écriture des sketchs. "Cinq colonnes à la une", premier magazine de grands reportages, créé en 1959 par Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet et qui s'est achevé en 1968 ; "Discorama", une émission musicale et culturelle, créée en 1959 par Denise Glazer et qu'elle présentera de 1964 à 1975.

Résumé : Diffusé en 2009 sur France 3 à une heure très tardive, Télescopie a, en neuf numéros, rendu hommage à la création télévisuelle des années soixante aux années 90 en présentant une sélection des magazines les plus représentatifs. Dans le DVD 2 : "Droit de réponse", émission de débats et d'actualité présentée par Michel Polac sur TF1 de 1980 à 1987. "Dim Dam Dom", magazine féminin, créé et produit par une ex- journaliste du magazine Elle, Daisy de Galard, de 1965 à 1970. "Apostrophes", émission littéraire créée et animée par Bernard Pivot, diffusée en direct sur Antenne 2 de 1975 à 1990.

Résumé : A l'occasion des quarante ans d'Apostrophes, pour en ressusciter les grandes heures et les rencontres historiques, Pierre Assouline a composé un florilège des meilleurs extraits présenté sous forme d’abécédaire, qu’il a fait commenter par un Bernard Pivot surpris, heureux, nostalgique et généreux en anecdotes inédites sur les coulisses de son émission…

Résumé : Le film, appuyé sur des archives dont les plus belles viennent de l'Istituto Luce, suit de façon pratiquement linéaire le parcours de l'écrivain : l'enfance à San Remo, l’engagement auprès des partisans pendant la Seconde Guerre mondiale, qui lui inspirera son premier livre dans la veine néoréaliste "Sur le sentier des nids d’araignée", l’amitié avec Pavese et les rencontres littéraires autour de l’éditeur Einaudi, l'éloignement progressif de la politique au temps des dérives staliniennes, l'installation à Paris et la rencontre avec Queneau et l’OULIPO. Évoquant quelques romans, notamment ceux de la trilogie "Nos ancêtres", "Si par une nuit d’hiver..." et "Monsieur Palomar", le film permet d'écouter des passages significatifs du "ton" Calvino.

Résumé : Le récit d'une vie de famille somme toute banale, entre cinéma, repas dominical et éducation des enfants, prend soudainement un tour inattendu.

Résumé : En donnant la parole à Edmond Jabès, le film suit le cheminement d'un homme, des événements marquants de son enfance à ses rencontres décisives, jusqu'à son entrée en écriture, considérée comme un dialogue et un questionnement. C'est en 1957 que, contraint de quitter l'Égypte, Edmond Jabès s'installe à Paris où il opte pour la nationalité française. C'est à partir de cet exil qu'il est amené à vivre pleinement la double condition de juif et d'écrivain, et c'est à partir de là que s'est renouvelée son œuvre, avec l'écriture du "Livre des questions". Poète de la non appartenance, de l'errance et du vide, Edmond Jabès est un homme de l'exil ; les seuls lieux véritables sont le livre, le désert et aussi l'Égypte, perdue et devenue dès lors quasiment mythique. Cet espace de l'écriture est exprimé par la voix de Catherine Sellers sur les images du désert dont Jabès dit : "Il a écrit le juif, et le juif se lit dans le désert" et qui est indissociable de son œuvre. Âgé de soixante-seize ans au moment de cette rencontre, il s'était tenu jusque-là à l'écart des médias et n'avait donné que de très rares interviews, et encore sous forme écrite. Après avoir pris connaissance du travail de Michelle Porte sur d'autres écrivains (notamment Virginia Woolf et Marguerite Duras), il a accepté qu'elle réalise un document sur lui qui soit à la fois un portrait et une initiation à son œuvre.

Résumé : Des premiers cas de sida observés à San Francisco aux USA en 1980 à la reconnaissance de la paternité de la découverte du virus pour l'Institut Pasteur et à l'obtention du Prix Nobel en 2008 pour Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi : la terrible bataille autour du virus entre scientifiques français et américains dirigés par Robert Gallo.

Résumé : Diffusé en 2009 sur France 3 à une heure très tardive, Télescopie a, en neuf numéros, rendu hommage à la création télévisuelle des années soixante aux années 90 en propôsant une sélection des magazines les plus représentatifs. Dans le DVD 3 : "Sexy Folies", magazine de charme et de séduction, première émission parlant ouvertement de sexe à la télévision, produite et réalisée par Pascale Breugnot et diffusée sur Antenne 2. "Ajourd'hui Madame", créé par Armand Jammot, diffusé l'aprés-midi,de 1970 à 1982 sur la 2e chaîne de l'ORTF puis sur Antenne 2, était un magazine destiné au public de femmes au foyer et personnes âgées. L'émission traitait les grandes questions de société : le logement, le mariage, le monde rural... "Les Raisins verts", une émission de Jean-Christophe Averty créée en 1963 et qui déstabilisa le grand public. L'inventivité, l'humour, l'expérimentation dans la réalisation avec les techniques électroniques, les incrustations et trucages vidéo ont fait de cette émission une référence.

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