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Résumé : De ce qui fait l'homme dans cet "homme-livre", Édouard Glissant ne livrera qu'une anecdote. Un souvenir d'enfance, lorsque un jour il est tombé dans la mer, au cours d'un petit naufrage dans la Baie du marin. Ce fut menaçant et splendide, dit-il, en fermant les yeux. Et d'ajouter que sa mère avait toujours tenté d'effacer ce souvenir : "c'est une redoutable destructrice de mythe !" Une histoire à rapprocher de ce qu'il dira ensuite sur les antécédents fondamentaux des Antillais, restés au fond de la mer. Nous sommes à la rencontre de deux plaques, poursuit-il, esquissant une poétique de cette géographie de la Caraïbe. Apparaissant en surimpression sur le rocher du Diamant, s'entretenant avec l'écrivain antillais Patrick Chamoiseau sur un fond sonore de chant de crapauds, Édouard Glissant semble trop pris dans ses éléments pour donner plus. Pudique sur son écriture - "je ne me vois pas écrire un poème d'amour", dit-il simplement - Glissant évoque Mycéa, les théories de la négritude, "ses" écrivains (Faulkner et Saint-John-Perse), les présocratiques.

Résumé : Né au Caire en 1913 et établi en France après la guerre, l'écrivain égyptien francophone Albert Cossery n'a sans doute pas la notoriété de ses compatriotes Andrée Chédid ou Joyce Mansour. S'il a fait l'objet d'un certain nombre d'articles de critique littéraire, il n'existait jusqu'à ce jour aucune monographie à son sujet. Le film adopte la forme d'une longue conversation, dans un décor unique, entre Albert Cossery et Michel Mitrani. Pour rompre la monotonie du champ-contrechamp découvrant un interlocuteur après l'autre, les respirations sont assurées par un lent panoramique, avec de rares plans de coupe qui présentent les livres dont il est question. L'œuvre romanesque, peu abondante (sept livres en soixante ans) est abordée dans sa chronologie, ce qui respecte le fil de l'évolution personnelle et artistique de l'écrivain. La discussion sur chaque ouvrage est introduite par la lecture d'un extrait Ainsi sont évoqués les thèmes les plus marquants de l'œuvre, déjà sous-jacents dans les titres des romans ("Les Hommes oubliés de Dieu", "Mendiants et orgueilleux", "Les Fainéants de la vallée fertile"..), : la ville du Caire et son petit peuple, observé avec une profonde humanité teintée de dérision.

Résumé : Sur l'écrivain né en 1930, Jérôme Prieur, auteur de la collection des "Hommes-Livres", écrivait : « Jude Stéfan est né écrivain la première fois en 1965 : son nom apparut au sommaire des "Cahiers du Sud". Point de départ d'une œuvre qui va, de la poésie à la fiction, en passant par l'essai, le journal, l'autobiographie, tracer un chemin singulier – et unique – dans le champ littéraire. Loin du monde, loin des modes, mais avec une présence, un ton, inimitable et original. (...) Pathétique, étranglé, impertinent, un chant se développe qui ne doit rien au Temps - à notre temps - qu'il tient comme à distance - qu'il renoue avec les sources de la langue, de notre littérature, Louise Labbé, Sponde ou Scève - et qui évoque la flagrante, accablante chiennerie de cette existence, la nôtre. » On retrouve ce ton original et cette présence singulière dans les entretiens menés par Richard Millet pour le film réalisé en juillet 1995 dans sa maison d'Orbec en Normandie.

Résumé : Né en 1913 en Belgique, le poète et romancier Henry Bauchau n'a commencé à écrire qu'après la seconde guerre mondiale. Il publie plusieurs ouvrages de poésie et, en 1966, "La Déchirure". Mais c'est "Œdipe sur la route" (éd. Actes Sud, 1990) puis "Antigone" (1997) qui le font connaître. Il a longtemps vécu en Suisse avant de venir à Paris et c'est dans son appartement parisien que l'entretien est réalisé. Interrogé par Aliette Armel, il parle de sa psychanalyse avec Blanche Reverchon-Jouve, qui l'éveille à la nécessité d'écrire. Avec "La Déchirure", texte autobiographique, il tente de mesurer en quoi ce travail analytique a été fécond pour son œuvre. Mais il rappelle à plusieurs reprises que c'est la poésie qui occupe une place centrale dans son œuvre. Au cours de l'entretien, il revient sur des thèmes abordés dans ses journaux : l'enfance, la mort, le théâtre, l'écriture et le processus par lequel les personnages s'imposent à l'écrivain et grandissent en lui. La lecture d'extraits de "Jour après jour", "Journal" (1983-1989) et du "Journal d'Antigone" (1989-1997) est illustrée de photographies appartenant à la collection privée de l'écrivain.

Résumé : Pierre Michon s'entretient avec Sylvie Blum dans sa maison d'enfance de la Creuse. Une réelle complicité s'est établie entre la réalisatrice et l'écrivain autour d'une commune admiration pour Faulkner, et notamment "Absalon Absalon", un des textes fondateurs pour Pierre Michon qui lui avait permis d'oser entrer dans la langue. Pierre Michon cite aussi Dostoïevski et Victor Hugo "à l'ombre desquels il se place pour se permettre d'écrire". Ces entretiens sont montés comme une sorte d'abécédaire autour de mots proposés par la réalisatrice sur lesquels Pierre Michon réagit et réfléchit à voix haute. Ce "mouvement de la pensée" est accompagné par des images filmées en super 8 de paysages en mouvement également qui forment une trame sur laquelle se pose, en off, la voix de Pierre Michon, avant de le voir apparaître à l'image. L'auteur des "Vies minuscules" (1999), de "Rimbaud le fils" (1991), du "Corps du roi" (2002) nous livre avec sincérité et humour, humilité et orgueil mêlés, les sources de son écriture liées à des éléments autobiographiques.

Résumé : Évocation de Virginia Woolf (1882-1941) à travers les images des lieux et des paysages où elle a vécu et qui sont la respiration même de son œuvre, ponctuée de fragments d'écriture et du portrait de l'écrivain par Gisèle Freund, en 1939 : Saint-Ives, la mer de Cornouailles, la maison de Talland House, des premières années d'enfance ("Instants de vie") ; Londres, "un enchantement", Monk's House, à Rodmell, dans le Sussex, la maison des dernières années qui représente un certain bonheur de vivre. "Est-ce l'âge ou quoi, qui fait de ma vie, ici, solitaire, une longue extase de bonheur ? Je me sens attristée par la paix et les sensations, mais non par les pensées." Film à une voix : Catherine Sellers lit des extraits de "Les Vagues", "Instants de vie", "Le Journal d'un écrivain", "Mrs Dalloway". Le 23 mars 1941, Virginia Woolf se noie dans la rivière Ouse.

Résumé : "Compact", "Circus", "Codex", "Maladie Mélodie", mais aussi "Je ne vais pas bien mais il faut que j'y aille" ou "Qui n'a pas vu Dieu n'a rien vu" sont quelques-uns des titres de l'œuvre singulière de Maurice Roche, qui va jusqu'à mettre en scène la typographie de ses livres. L'obsession de la mort y côtoie l'humour le plus insolent comme le montre l'étrange dialogue entre Maurice Roche et le complice, Jean Paris, venu le faire parler. Son œuvre continue de s'élaborer au prix d'une conception ectraordinairement complexe, méthodique, musicale de la langue, c'est-à-dire polyphonique. "L'un des charmes du style est dans la précision des équivoques" dit Maurice Roche.

Résumé : La vie de Jean Genet est évoquée chronologiquement de 1910, date de sa naissance, à 1943, date à laquelle il prend contact, depuis la prison de la Santé, avec l'éditeur Marc Barbezat pour envisager une édition de "Notre-Dame des Fleurs". Le commentaire qui suit le fil des activités délictueuses ou légales de Jean Genet – l'énoncé scrupuleux de celles-ci a pour effet d’édulcorer celles-là – est interrompu par des interviews de personnes qui l’ont côtoyé enfant, à l’école ou à la colonie pénitentiaire agricole de Mettray, et par la lecture de courts extraits de ses lettres ou de ses œuvres. L’illustration musicale, en fond sonore continu, semble vouloir pallier l’insuffisance des images censées évoquer la fuite, la désertion, le vagabondage (trains, voies ferrées, campagnes désertes). Une interview de Jean Marais rappelant le premier contact entre Cocteau et Genet conclut cette première partie.

Résumé : Seconde partie du document consacré à Jean Genet (Jean Genet, le vagabond : 1910-1943), selon le même principe chronologique adopté pour la première. De nombreuses interventions composent cette évocation de l’écrivain et de l’homme : Jacques Derrida, Bertrand Poirot-Delpech, Roger Stéphane, Edmund White, Pierre Boulez, Roland Dumas, Jean-Louis Barrault. On retient particulièrement les propos d’Angela Davis rappelant l’engagement de Genet aux côtés des Black Panthers dans les années 70, et ceux de Maria Casarès, centrés sur les pièces de théâtre qu’elle a interprétées à plusieurs reprises ("Les Bonnes", "Les Nègres", "Le Balcon", "Les Paravents"). Plusieurs documents donnent la parole à Genet.

Résumé : Michel Mitrani, qui avait adapté "Un balcon en forêt", se faisait fort d'obtenir de Julien Gracq, pour la série "Un siècle d’écrivains", un entretien filmé, dans sa maison de Saint-Florent-le-Vieil, en Vendée angevine. Mais si Julien Gracq n'aimait pas les honneurs, les décorations, les prix littéraires (ses œuvres ont reçu la consécration de deux volumes de la Pléïade, mais il n'est pas entré à l'Académie française), il n'aimait pas non plus les caméras de télévision. C'est donc un entretien sonore qui sert de fil conducteur à ce portrait de Louis Poirier, professeur d'histoire et de géographie, né en 1910, qui a choisi en 1939 pour publier "Au château d'Argol", le pseudonyme de Julien Gracq, « un nom rapeux, qui heurte un peu l'oreille ». Dans cet entretien, le dialogue est très libre (on entend les questions posées par le réalisateur). Il laisse percer les agacements de Julien Gracq, « ses vives préférences » et ses «refus également vifs » (Henri Thomas). Le réalisateur illustre cet entretien par les paysages de Vendée, où l'eau est presque toujours présente. D’autres archives sonores, extraites de pièces de théâtre ou d'entretiens radiophoniques donnés précédemment par Julien Gracq, sont montées dans le film. Un commentaire du réalisateur s'ajoute à l'ensemble. Le portrait de Julien Gracq était sans doute beaucoup plus difficile à réaliser que d'autres dans cette série car « les accidents de la biographie n'ont pas d'influence sur l'œuvre ».On retiendra toutefois la lecture par Julien Gracq d'extraits des "Carnets du Grand Chemin" (1992), de "Lettrines 2" (1974), de "La Forme d'une Ville" (1985), "Des Eaux Etroites" (1976), avec cette voix un peu rapeuse, sans lyrisme inutile. Une voix sans affectation, et qui, privée de l'image du visage, devient encore plus vivante, encore plus charnelle.

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