Cet essai prend pour point de départ la critique des conceptions modernistes d’originalité et de maîtrise dans les « Écrits steiniens » de Robert Duncan. De telles conceptions s’expriment de façon exemplaire chez Wyndham Lewis qui ne cache pas son mépris pour un Hemingway supposément avili et châtré par son incapacité à ne pas émuler Gertrude Stein. Dans un second temps, nous examinerons la mobilisation de la figure de la syllepse chez Duncan, à la lumière de l’idée poundienne de « logopée », concept à l’origine associé à la poésie de Mina Loy et de Marianne Moore. Ceci permettra de reconsidérer la position de Stein au sein de la poésie moderniste féminine anglo-américaine et d’en examiner les conséquences. Pour conclure, nous considérerons le rapport entre Duncan et Spicer dans leur projet commun de mettre à l’épreuve certains aspects clés de l’idéologie poétique moderniste. Dans ce contexte, nous verrons que Stein offre des ressources précieuses à Duncan, en particulier la « permission » qu’elle accorde à une exploration possible du « mal écrit », base de la transvaluation de la poésie si prisée par Duncan comme par Spicer.