Depuis les révélations de 2013 du lanceur d’alerte Edward Snowden sur les pratiques de surveillance des agences de renseignement occidentales, l’exposition du champ de la recherche en sciences sociales à la surveillance d’État – celle mise en œuvre par les appareils judiciaires et policiers, et plus largement justifiée par des impératifs de sécurité publique – a fait l’objet d’une attention croissante au niveau international. Deux tendances lourdes contribuent en effet à aggraver cette exposition : d’une part, la flambée antiterroriste et la criminalisation des mouvements sociaux qui, associés à l’évolution technologique, conduisent à démultiplier les capacités de surveillance des services de sécurité ; d’autre part, l’inanité des politiques numériques des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, laquelle contribue à renforcer la dépendance des chercheurs vis-à-vis d’oligopoles numériques toujours plus intégrés aux systèmes de surveillance étatique. Cet article dresse un état des lieux critique de la situation, avant de prodiguer quelques conseils quant aux contre-mesures permettant de réduire les risques que les données de la recherche ne soient exposées à la surveillance d’État.