Danses raffinées et transes sauvages, processions colorées et crémations trépidantes, mystères de l'Asie et enchantements du Pacifique : autant d'images déferlantes au seul énoncé du nom de Bali. Une fascination aussitôt doublée d'une interrogation inquiète : l'authenticité du "dernier paradis" n'est-elle pas menacée par la modernité et l'intervention dévastatrice du tourisme et de la bureaucratie ?

Mais cette question a-t-elle même un sens dans une île où l'ordre coutumier - l'adat - est une réalité sans partage, en conformité avec un ordre cosmique immuable. Où la religion - l'agama - est une affaire autochtone liée aux ancêtres et aux lieux d'origine. Où l'art - la seni budaya - est un service rendu aux dieux et à la communauté plus que l'expression d'une créativité individuelle.

Ces trois piliers de la "balinité" ont certes subi des transformations profondes dans leur essence et dans leur représentation, sous l'influence des fonctionnaires de l'empire des Indes néerlandais et de l'Etat indonésien. Sans oublier celle des artistes, orientalistes et ethnologues occidentaux, ou même celle des intellectuels balinais. Mais la "balinité" perdure à l'abri des regards. L'ordre cosmique donne toujours leur sens aux gestes du quotidien.